Je Fais Un Don

Type to search

Football Opinion Sport

Crise entre le ministère des Sports et la Fecafoot : Ce que je crois….Par Franck Essi

L’homme politique analyse le conflit entre le Minsep et la Fecafoot et dénonce l’absence du leadership politique et d’institutions solides.

 

Par Franck Essi, SG CPP

Un pays est très malade quand c’est au Président de régler en dernière analyse un conflit entre le Ministre et un Président de fédération sportive, même si c’est le football. Il a plus important à faire.

Un pays est gravement en crise quand on ne gouverne plus que par des hautes instructions, du fait du caractère fantomatique du Président. Les hautes instructions ne peuvent pas indéfiniment remplacer la présence visible et la parole claire dans les conseils de ministres et les décrets.

Un pays s’enfonce de plus en plus dans la défiance, la méfiance et désespérance lorsque les principaux dirigeants s’enferment de plus en plus dans le silence, l’absence et la distance. Sans la confiance, le respect et le contact régulier entre les dirigeants et les populations, la société s’effondre !

Un pays en très grand danger quand du fait de l’absence du leadership politique et d’institutions solides, les seconds couteaux et les ambitieux de tout acabit se livrent à des guerres de succession et à toutes formes de captations des ressources de l’Etat. Un chef, ça doit exercer en permanence une influence et siffler la fin de la récréation !

Lire aussi: Football : le duel MINSEP-FECAFOOT continue de défrayer la chronique

Un pays court assurément vers le désastre lorsque la loi devient de plus en plus un « loisir ». Lorsqu’en particulier la force du droit est remplacée par le droit de la force. L’Etat de droit, pour devenir une réalité toujours plus effective, doit être un horizon consensuel partagé et l’objet d’efforts collectifs quotidiens. Dans un Etat de droit véritable, les représentants de l’Etat, y compris le Chef de l’Etat, n’est pas au – dessus des lois !

Un pays se condamne à un profond chaos lorsqu’une majorité de citoyens.es placent le soutien à une personne et/ou la détestation d’une autre personne au – dessus de la recherche de la justice, de la vérité et l’intérêt général. Une société où l’on ne soutient que son semblable, peu importe ce qu’il fait, contre les autres, peu importent s’ils ont raisons ou pas, dérive inéluctablement vers de très grands désordres !

Un pays se condamne au sous – développement durable lorsque les affaires les moins importantes accaparent systématiquement l’attention et les ressources du pays par rapport aux affaires les plus importantes. On ne peut pas être aussi peu mobilisés sur la qualité de la gouvernance, la non-résolution des crises, l’augmentation du coût de la vie, le rétrécissement de l’espace des libertés, et aussi mobilisés par le football et les autres cancans à la mode.

Dès lors, comment l’inattention aux choses importantes peut -il aboutir à un traitement efficace des questions importantes ? Où avons – nous vu que la meilleure manière de passer un examen scolaire, c’est au quotidien, de ne pas étudier ses leçons ?

Lire aussi: Minsep/Fecafoot : l’urgence de mettre fin à l’impasse

Pour ma part, je crois fermement aux choses suivantes :

1. Le football ne doit pas occuper autant de place au Cameroun !

Malgré les émotions qu’il peut procurer, le football ne peut pas être un levier sérieux et durable de développement du Cameroun dans le monde d’aujourd’hui et de demain.

Nous pensons même qu’il ne doit pas être parmi les premiers motifs de fierté du Cameroun dont je rêve. Ce Cameroun, c’est un pays qui émerveille le monde par la qualité du niveau de vie de ces citoyens et l’harmonie dans laquelle vivent les Camerounais.es. L’accès aux services de base de qualité (Education, eau, électricité, santé, etc), la disponibilité d’infrastructures de qualité, une justice fonctionnelle, des conflits séculaires réglés, valent mille fois plus que des trophées acquis dans le sport.

Cela ne veut pas dire que nous souhaitons que notre pays ne brille pas sur le plan sportif. Loin de là !

Nous disons juste qu’il y a plus important que le football pour un pays comme le Cameroun.

2. L’effondrement actuel du pays sur tous les plans est la conséquence d’un leadership inexistant à la tête du pays

La situation actuelle de multiplication des situations de crises et de scandales démontre de plus en plus que ce pays est en pilotage automatique.

Ce pourrissement est sans doute la conséquence de la nature essentiellement prédatrice du leadership exercé pendant des années au sommet de l’Etat et de l’épuisement de plus en plus prononcé que l’on observe du fait d’une longévité au pouvoir exceptionnelle.

A toutes fins utiles, nous rappelons simplement que Mr Paul Biya, le Président nominal actuel, est âgé d’au moins 91 ans. Il est entré dans la haute administration dans les années 1960. Il a exercé les fonctions de chargé de mission à la présidence de 1962 à 1965 ; de directeur de cabinet et de secrétaire général du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Culture de 1965 à 1967 ; de directeur de cabinet civil de 1967 à 1968 ; de ministre secrétaire général de la présidence de 1968 à 1975, puis de Premier Ministre de 1975 à 1982. Il est actuellement à sa 42ième année en tant que Président de la République du Cameroun.

L’énergie que l’on met à durer au pouvoir, c’est de l’énergie que l’on aurait pu mettre à faire. Faire les réformes, résoudre les crises, décider et surtout, conduire à temps les transformations nécessaires au développement du pays.

Lire aussi: Minsep-Fecafoot : tempête en haute mer

Au Cameroun, cette longévité est synonyme selon nous de confiscation du pouvoir, de désagrégation du pays et d’impasse de développement.

Au regard des conflits de plus en violents entre les membres du Gouvernement et de la répression de plus en plus acharnée des forces d’opposition, cette faiblesse croissante au sommet de l’Etat va aboutir à une nuit des longs couteaux des plus violentes.

Sauf à ne pas vouloir regarder la réalité en face, bien des situations de pourrissement que l’on observe s’expliquent par l’endormissement de plus en plus lourd à la tête de l’Etat.

3. Le Cameroun a un besoin vital de refondation

Pour reprendre notre marche soutenue vers un destin conforme à notre potentiel humain et naturel, nous devons nous débarrasser d’un système qui nous étouffe, nous affame, nous réprime et nous faire rater des décennies de développement.

Ce changement systémique et durable ne pourra pas subvenir avec le leadership, les institutions et les pratiques de gouvernance actuels. C’est impossible.

Il est aussi illusoire de croire que les personnes aux commandes de ce système se laisseront battre dans un jeu qu’ils contrôlent de bout en bout, et qu’ils accepteront de laisser le pouvoir, sans y être contraints.

Il est fou de croire que dans l’état dans lequel le pays se trouve, un seul homme/femme et un seul parti peuvent arriver à gérer les multiples et profonds défis que ce pays connait sur tous les plans.

Qu’on le veuille ou pas, nous ne ferons pas l’économie d’une transition politique pour réconcilier les Camerounais et refonder le Cameroun.

Qu’on le veuille ou pas, nous ne ferons pas l’économie d’assises nationales pour refonder le consensus national.

Qu’on le veuille ou pas, plus nous tarderons à nous asseoir pour redéfinir le logiciel Cameroun, plus nous observerons ici et là, les multiples manifestations de la désintégration nationale.

Lire aussi: Lions Indomptables: la Fecafoot publie un nouveau staff

Qu’on le veuille ou pas, nous allons finir par admettre que, Paul Biya et sa clique ne sont ni éternels, ni l’alpha et l’oméga de ce pays. Leur longévité et leur incurie s’expliquent essentiellement par notre refus à nous, citoyens désireux de changement, à prendre nos responsabilités.

Prendre nos responsabilités, c’est cesser de collaborer activement ou passivement à la reproduction quotidienne de ce système. C’est refuser de cautionner les multiples mascarades d’un gouvernement qui nous conduit chaque jour, un peu plus, dans la misère, l’insécurité et la division.

Qu’on le veuille ou pas, nous devrons choisir entre le Cameroun que nous voulons, celui de nos rêves et que suggère son formidable potentiel, et ce régime qui nous maintient dans l’inquiétude, la pauvreté et le désespoir.

Qu’on le veuille ou pas, nous finirons par admettre que seule une révolution populaire et citoyenne peut venir à bout de ce régime. C’est principalement par cette pression populaire forte, déterminée et non violente que la sortie de l’impasse est possible.

#AllumonsNosCerveaux

Tags:

You Might also Like