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Elie Smith “le débat sur la forme de l’Etat doit se poursuivre”

Le Coordonnateur de la Conférence générale des Anglophones parle de l’unification du Cameroun 50 ans après et de l’impact de cette forme de l’Etat sur les populations anglophones et sur la vie du pays.

Par Blaise DJOUOKEP

Le 20 mai 2022 marque le cinquantième anniversaire de la fête nationale de l’unité. Quel sens donnez-vous à cet évènement ?

Le 20 mais c’est la célébration de l’unité du Cameroun. Mais, cela a un autre sens. Et je dois le dire pour ne pas être hypocrite. Donc, c’est l’achèvement de l’unification. Mais, cela a aussi un gout amer. Cela signifie aussi la fin de l’Etat fédéral et le début des problèmes qu’on vit actuellement. On peut la célébrer comme on veut, sans toute fois oublier que cette fête a aussi engendré beaucoup de problèmes. Le 20 mai 1972 ; l’Etat fédéral a été aboli et l’Etat unitaire hyper centralisé est né. Et si on a des problèmes aujourd’hui au Cameroun, c’est à cause de cela. Il ne faut pas qu’on se mente. Les onze années qu’on durée la république fédérale du Cameroun étaient les meilleures périodes de la réunification. C’était aussi la période où le Cameroun rayonnait sur l’Afrique et le monde. La fin de l’Etat fédéral et le début de l’Etat unitaire a sonné le glas du début des problèmes. Et on a un pincement au cœur.

En côtoyant les camerounais des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, a-t-on le sentiment que, comme par le passé, ils se sentent encore concernés par cette fête de l’unité nationale ?

Oui, ils se sentent toujours concernés. C’est quand même la fête du Cameroun, une fête qui symbolise l’unité des deux parties du Cameroun. C’est l’histoire de notre pays, malgré le fait qu’il y ait des révisionnistes historiques et des profito-situationistes qui veulent faire plaisir à un groupe de personnes. Mais, dans ces deux régions, les populations se sentent concernées par cette fête. Le seul problème que plusieurs habitants et ressortissants de ces deux régions ont est que cette fête symbolise aussi la fin de leur identité, la fin de leur particularisme.

Rien de spécial n’a été prévu pour célébrer le cinquantenaire, si l’on s’en tient au format défini par le Cabinet civil de la Présidence de la République. Diriez-vous que le Pouvoir est embarrassé par cette commémoration ?

Je ne sais pas si quelques choses de spécial a été prévu. Si rien de spécial n’a été prévu, c’est une erreur. 50 ans dans la vie d’une nation, c’est quand même un demi-siècle. Cela mérite d’avoir une célébration particulière pour rehausser les couleurs du pays et de la nation. Mais, à leur décharge, il y a le covid qui rode toujours, il y a aussi la crise économique qu’a entrainé le Covid. Il y a la résurgence de boko haram à l’Extrême-Nord, la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest qui a certes beaucoup diminuée. Actuellement dans ces régions, c’est le banditisme, des règlements de compte qui prévaut… je partage donc l’avis du cabinet civil de faire un cinquantenaire sobre. On ne peut pas célébrer dans ces circonstances.

Je pense que l’Etat fait face à beaucoup de difficultés, et cela serait quand même immoral d’organiser quelque chose avec faste. Toute fois, cela aurait été une bonne chose d’avoir une grande fête.

Plus de 800.000 Camerounais des régions anglophones ont fui leurs localités d’origine depuis le déclenchement de la crise.

Cette occasion aurait pu être saisie pour organiser le dialogue moins contesté. De quelle autre manière aura-t-on pu commémorer le passage à l’Etat unitaire ?

Il y a eu le grand dialogue national au cours duquel un statut spécial a été donné aux deux régions dites anglophones. Mais, pour nous de la conférence général des anglophones, le Grand dialogue national a été inclusif. On a invité tout le monde. Mais, certains ont refusé de venir au dialogue. Le dialogue n’est pas statique. Il est dynamique. Nous avons voulu avoir un pré-dialogue entre nous, originaires du Nord-Ouest et du Sud-Ouest avant le Grand dialogue, parce qu’on avait voulu discuter de nos problèmes. Et je pense que le Grand dialogue continu. L’organiser était un désaveu pour les ministres qui disaient qu’il n’y avait aucun problème anglophone au Cameroun. Il n’y a pas lieu d’avoir un autre dialogue. Le grand dialogue continue. Il y a une commission de suivi de l’implémentation des résolutions du grand dialogue national.

Le problème anglophone a essentiellement porté et porte encore sur la forme de l’Etat. Le gouvernement a répondu par la décentralisation. Le débat est-il clos ?

Le problème anglophone c’est aussi le problème de la forme de l’Etat. Le débat n’est pas clos. Dans toutes les nations, il y a une évolution. Idem pour le Cameroun qui était d’abord un Etat fédéral, puis, un Etat unitaire, et un Etat unitaire décentralisé. Au Royaume Unis, il y a la Grande Bretagne et l’Irlande du Nord et aussi l’Ecosse qui s’est réunifié à l’Angleterre le 1er mai 1707. Et c’est le 19 novembre 1998 qu’il y a eu une sorte de décentralisation et une autonomie des écossais. Il y a aussi la réunification entre l’Angleterre et le royaume d’Irlande en novembre 1801…

Ceux qui pensent que la forme de l’Etat du Cameroun ne changera plus se trompent. Il y aura une évolution. Ceux qui disent qu’on ne doit pas parler de la forme de l’Etat n’aiment pas la paix. Ils sont chauvins et croient que le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont des trophées de leur victoire. Mais, comme le cardinal le disait, nous allons retourner au système fédéral comme on l’état avant 1972. C’est çà l’origine du Cameroun.

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