Recrudescence des crimes au Cameroun : une situation qui inquiète
Les faits divers effroyables qui défraient la chronique ces derniers mois créent une profonde anxiété au sein de la population.
On a des cas récents cas choquants tels que l’assassinat brutal de la communicatrice Sylvie Louisette NGO YEBEL, dont le corps sans vie, décapité et placé dans deux valises a été retrouvé le 7 avril au quartier Etoa-meki, dans la ville de Yaoundé. Après investigation, il en ressort que c’est son fils biologique Landry BATEK YEBEL qui est l’auteur de ce crime. Avant cela, il y a eu le Jeudi 05 avril 2024, dans la ville de Garoua, région du Nord, Iliassou 18 ans, qui a ôté la vie à sa génitrice après une dispute. Les faits relatés par sa petite sœur révèlent que sa mère va le commissionner avec la somme de 10 000 Fcfa pour l’achat d’une bouteille d’huile végétale. L’adolescent va utiliser l’argent à d’autres fins. La colère de la maman va mettre son jeune fils en rage qui va decider lui ôter la vie.
Même au sein des établissements scolaires, la violence ne recule pas, comme en témoigne l’attaque mortelle au Lycée Bilingue de Bertoua, le jeudi 28 mars 2024. Le jeune EKOSSO, chef de la classe de Form 4 A est grièvement poignardé dans la cour de l’établissement scolaire par son camarade. Conduit à l’hôpital, la victime va succomber à ses blessures. Quelques jours plutôt, c’était le nommé Arrold KENNE qui décapitait son père de 70 ans avec une machette au quartier Lahtet à Mbouda, dans la région de l’Ouest. Il a commis l’irréparable parce que « son père a refusé de lui servir à manger alors qu’il revenait d’une balade ». Témoignaient les voisins présents sur le lieu du crime.
Ces actes aussi violents les uns que les autres qui soulèvent des interrogations profondes quant aux raisons qui poussent les jeunes vers de telles extrémités. Selon le rapport 2023 de l’organisation non gouvernementale EMINED, la prison de Yaoundé compte entre 110 et 250 mineurs sur les 4500 détenus. Les plus jeunes n’ont que 13 ans et les plus âgés 18ans. Des chiffres qui montrent que la société camerounaise est confrontée à un défi majeur en matière de sécurité et de prévention de la délinquance juvénile.
« L’on ne peut réfuter l’hypothèse de la responsabilité sociale car, la société est en grande partie comptable du type de jeune que nous avons », affirme le Dr. Jean Roger ONAH, Sociologue à l’Université de Yaoundé I. Contacté par Télé’Asu, le sociologue met un accent sur la responsabilité de la société en ce qui concerne la déviance de la jeunesse. « Interrogeons nous sur les normes, les valeurs, les agents socialisateurs qui éduquent quotidiennement nos jeunes, les modèles de référence que la société camerounaise leur propose », va-t-il rajouter. Tout en attribuant la première responsabilité de actes qualifiés de barbares et d’ignobles à la qualité de la société dans laquelle ces jeunes grandissent, il n’a pas manqué de réitérer la responsabilité individuelle qui incombe à chaque être humain. « Loin d’exempter les jeunes de toute responsabilité individuelle, l’observation itérative de ces crimes révèle que, les jeunes sont à l’image de notre société ».
Selon le sociologue, il est important de prendre en compte certains paramètres pour comprendre cette augmentation de crimes. Sur le plan individuel par exemple, la responsabilité est portée sur le jeune qui est très souvent appâté par la vie facile, le goût du moindre effort, la recherche du gain facile, la consommation des drogues, l’influence nocive des réseaux sociaux numériques avec les nouveaux modèles de réussite qu’offrent les « influenceurs ». Le cadre social, familial et institutionnel dans lequel grandissent et évoluent les jeunes de nos jours n’est pas à négliger.
Pour le Dr Moise TAMEKEN, sociologue, les autorités publiques doivent mettre un accent sur les contenus éducatifs. C’est-à-dire chercher à savoir quel type d’éducation les enfants reçoivent sur vie et la morale en société dès l’enseignement de base. « S’il faut que l’enfant évolue dans un contexte où demain il ne peut pas éviter les crimes, c’est un problème », va-t-il déclarer avant de renchérir « S’il ne peut pas être un acteur dans la protection de ses semblables, ça veut dire qu’il y a un déficit de moralité ». Pour s’en sortir, la voie d’une sensibilisation de la jeune n’est pas à négliger en ce qui concerne la résolution de ce phénomène.
De nombreux jeunes agissent souvent en ignorant quelles peuvent être les conséquences des actes qu’ils posent. C’est une fois l’acte posé et la sanction donnée qu’ils mesurent la gravité du fait. Pour ce fait il faut : « informer les jeunes des sanctions qu’ils encourent lorsqu‘ils ôtent par exemple la vie à une autres personne », déclare le Dr Moise TAMEKEN. La responsabilité de l’Etat dans de telles circonstances est à établir. Pour le sociologue, les autorités peuvent punir sévèrement les auteurs de ces actes odieux. Les sanctions qui leurs sont infligées doivent être suffisamment dissuasives afin de décourager d’autres jeunes à faire pareil.
L’intensification des crimes commis par les jeunes au Cameroun ne cesse d’inquiéter les populations qui se demandent quelle est la meilleure méthode pour éradiquer ce phénomène.
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