Assassinat : comment Martinez Zogo a été tué
L’ordonnance de renvoi publiée le 29 février et qui met fin à l’information judiciaire lève un pan du voile sur ce qui s’est passé ce fameux soir du mardi 17 janvier 2024, jour de son enlèvement.
C’est le 22 janvier 2023 que le corps horriblement mutilé de Martinez Zogo est retrouvé dans la périphérie de Yaoundé à Ebogo. D’après le Juge d’instruction Narcisse Pierrot NZIE, c’est à la suite de cette découverte qu’une dénonciation sera faite à la gendarmerie faisant savoir que Justin DANWE de la Direction générale de la recherche extérieure, recherchait quelques jours avant, de gros bras pour une action contre le chef de chaîne d’Amplitude FM.
Interrogé à ce sujet, Justin DANWE a donc reconnu avoir mené cette opération avec des agents de la DGRE. C’est ainsi que trois d’entre eux vont assurer la filature de Martinez Zogo du 06 au 17 janvier. Un des agents déclare l’avoir filé à bord de sa moto et avoir régulièrement rendu compte des positons de l’homme de média à l’équipe. Ils ont localisé son domicile, son lieu de service et tous les lieux qu’ils fréquentait.
Quatre autres agents vont procéder à l’enlèvement du chef de Chaîne d’Amplitude FM le soir du 17 janvier et ont « assurer le traitement de la cible ». Tout cela sous l’œil vigilant d’un autre agent chargé de la couverture afin que, « personne, ni rien ne puisse perturber le bon déroulement de l’opération ». L’un deux, GODJE OUMAROU a expliqué que la mission que Justin DANWE leur a confiée était d’arrêter Martinez Zogo, le fouetter et lui couper une oreille ou lui casser une cheville. Une mission que l’agent Clément EBO’O va qualifier de « mission tactique d’intervention régulière ». L’agent de raconter que c’est au niveau de la brigade de gendarmerie de Nkolkondi qu’ils ont bloqué le véhicule de Martinez ZOGO avant de lui appliquer un teaser pour l’affaiblir et de le transborder dans le PRADO avant de le conduire dans une carrière d’EBOGO. Une fois sur place, ses vêtements ont été déchirés par l’agent EBO’O.
Ils lui ont ensuite versé de l’huile rouge et la farine sur le corps, l’ont ligoté avant de le fouetter avec un câble spécialement apprêté. Il raconte ensuite avoir enfilé le câble dans l’anus de Martinez ZOGO pendant que les autres le fouettaient. Un autre agent va prendre la peine de lui entailler l’oreille provocant un saignement abondant. La raison évoquée de ce traitement est d’après eux le besoin de donner une leçon à Martinez Zogo afin qu’il cesse de parler des membres du gouvernements et des autorités de la République. Les 4 agents de la DGRE qui ont enlevé et torturé Martinez Zogo ainsi que le guetteur déclarent l’avoir laissé en vie peu avant 22H.
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Le juge fait savoir que ce sont les données de géolocalisation qui vont permettre de savoir qu’après le départ du groupe, les trois agents qui avaient assuré la filature de Martinez Zogo pendant 10 jours vont venir sur les lieux pour une seconde opération, elle aussi, coordonnée par Justin DANWE et le maire de BIBEY. Bien que ces agents nient fermement avoir achevé Martinez Zogo, le juge d’instruction, qui s’en tient aux données fournies soutient que l’un des agents incriminés a bel et bien été localisé à Soa à 23h ce même 17 janvier 2023 alors que la première équipe était déjà partie. Pour Narcisse Pierrot NZIE, c’est cette seconde opération qui a abouti à la mort de Martinez ZOGO retrouvé avec une corde au cou. Le rapport d’autopsie parle d’ailleurs d’une mort par « strangulation après torture » et precise que cette mort datait de 3 à 5 jours avant la découverte.
En ce qui concerne le fameux Prado on apprend ainsi que Justin DANWE l’a loué à un certain ENGWELE NGWELE présenté dans l’ordonnance de renvoi comme un opérateur économique. La fiche de géolocalisation et la fiche technique ayant permis de suivre Martinez ZOGO ont été fournies par deux agents, un commissaire principal et un officier supérieur, tous de la division de la surveillance électronique de la DGRE contre sommes d’argent.
Il est aussi à noter que deux personnes sont citées avant que Martinez Zogo ne soit enlevé. Le maire de BIBEY qui est la dernière personne qu’il a appelé et le faux Capitaine Arthur Essomba qui se faisait passer pour un agent de la DGRE. Il va rencontrer Martinez ZOGO ce 17 janvier 2023 quelques heures avant son enlèvement après l’avoir appelé avec insistance comme disent les témoins, lui remettre un document compromettant contre certaines personnalités. Des documents qui seront par ailleurs retrouvé dans le véhicule de Martinez ZOGO.
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