Anthony Same : “On n’a pas de structure de gouvernance du numérique”
Le Directeur général de ST Digital analyse la mise en place du numérique au Cameroun, et propose des solutions pour booster son développement. Il s’est exprimé au Digital Innovation Festival organisé par Activ Spaces avec l’appui technique du GIZ.
Quelles sont les actions urgentes et concrètes qu’il faut mener aujourd’hui, en termes d’infrastructures, pour libérer le potentiel de l’économie numérique de la sous-région Afrique Centrale, et du Cameroun, en particulier ?
La connexion internet coûte encore chère au Cameroun. Et les réseaux ne couvrent pas tout le pays. Parler de réseau internet pour moi, renvoie à l’arrivée effective de cette capacité internet d’un point de vue internet et aussi électrique. On ne peut pas dissocier la problématique du réseau de télécommunication à la problématique du réseau de l’énergie électrique. Les deux principales infrastructures qu’il nous faut aujourd’hui c’est la capacité internet et la capacité des offres.
La capacité internet actuelle du Cameroun peut-elle satisfaire les attentes que sont en droit d’attendre les acteurs du digital ?
En termes de capacité internet, le Cameroun est plutôt bien loti. Nous avons 4 à 5 arrivées de fibres optique internationale qui arrivent sur le pays. Maintenant, la responsabilité aux acteurs en charge de l’exploitation de ces fibres optiques d’acheter la capacité suffisante. Il y a donc la nécessité de trouver un modèle économique dans lequel ils vont acheter de la capacité. Mais aujourd’hui d’un point de vue capacité internet, nous avons accès à 4 à 5 fibres optiques sous-marine. Donc, on peut avoir de l’internet s’il y a une volonté politique de nous l’acheter.
Et sur le point de l’infrastructure de distribution, la réalité est un peu plus difficile. Il nous reste des efforts à faire. Mais, ces efforts sont moins importants qu’on ne le pense, parce que de nouvelles technologies sont en train d’émerger. Nous avons aujourd’hui par exemple sur le réseau de l’opérateur Orange, de l’infrastructure azooservice. Donc, ils vont pouvoir connecter leur réseau sur du satellite et donner une grosse capacité en 4G en milieu rural. Donc aujourd’hui, on est moins bloqué par la nécessité de tendre des fils qui vont aller sur tout le pays. On peut faire venir de la très bonne capacité par d’autres moyens, par d’autres technologies.
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Par ailleurs, il y a aussi le projet Central Africa Backbone qui nous emmène une fibre optique à la frontière du Congo, une fibre optique au Tchad, à la frontière du Gabon, vers la Rca et vers le Soudan en longeant notre pipeline. Là aussi on a quand même un cœur d’infrastructure qui est prêt à nous donner ce dont on a besoin.
Au regard de toutes ces avancées, qu’est-ce qui manque donc pour booster résolument l’économie numérique ?
Les deux autres infrastructures qui nous manquent et qui sont les plus urgentes, c’est d’abord la gouvernance, c’est-à-dire la stratégie à mettre en place pour le numérique, pour l’économie numérique. Il n’y a pas de structure de gouvernance du numérique. Il y a des contre-pouvoirs entre l’Antic, Camtel, le Minpostel. On a un ensemble de structures qui font la gouvernance, mais on n’a pas de gouvernance du numérique. Nous ne sommes pas allés au bout de notre plan national de développement du numérique qui a été annoncé.
C’est l’infrastructure de gouvernance du numérique qui va nous donner les orientations, et la façon de faire travailler l’écosystème. Il y a une troisième infrastructure que je trouve la plus essentielle, et sur laquelle on a un talent naturel, c’est l’infrastructure humaine. Aujourd’hui il faut une culture du digital, il faut des structures de formation du digital, il faut la volonté d’opérer une transformation digitale et ça c’est du point de vue des décideurs et des entreprises. Donc, l’infrastructure humaine est en développement ; l’infrastructure numérique est là, mais il faut la décision politique ; et on a une vraie lacune par contre sur l’infrastructure dite de gouvernance.
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