Présidentielle 2025 : des évêques prêchent contre la candidature de Paul Biya
Au cours de leurs homélies du 1ᵉʳ janvier 2025, les évêques de Douala, Yagoua et Ngaoundéré se sont prononcés, ont évoqué les souffrances et tortures du peuple avant d’appeler à un changement à la tête du Cameroun.
Par Armel Mouanjo
Monseigneur Abbo, évêque de Ngaoundéré, a laissé exploser son courroux au cours de son homélie, à l’occasion de la messe du 1ᵉʳ janvier 2025. « Qu’est-ce que les Camerounais n’ont pas encore enduré? Comment est-ce possible que le mal-être des Camerounais ne pousse pas les dirigeants de ce pays à mettre fin aux trop nombreuses souffrances ? La plus grande des souffrances est qu’on interdit aux Camerounais d’exprimer leurs souffrances en promettant que l’État est un rouleau compresseur, un moulinex qui réduit en pattes tout Camerounais qui osera exprimer sa souffrance», s’offusque-t-il.
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Et de poursuivre, visiblement choqué. « Qui va-t-on gouverner quand on aura broyé tous les Camerounais ? Comment peut-on promettre la mort à ceux qui ne demandent qu’un minimum pour survivre ? On demande aux Camerounais d’éviter des discours de haine, mais du haut, nous arrivent des paroles de violence ».
« Même le diable, qu’il prenne d’abord le pouvoir au Cameroun ».
Comme lui, plusieurs hommes de Dieu se sont allés dans le même sens, à la suite du discours du président de la République, du 31 décembre 2024, dans lequel Paul Biya a annoncé l’éventualité de sa candidature à la prochaine élection présidentielle prévue normalement courant de cette année 2025. Dans son adresse à la nation, Paul Biya mentionnait à ce sujet que sa « détermination à vous servir demeure intacte et se renforce ». De quoi susciter la colère des évêques et archevêques qui n’entrevoient pas une nouvelle candidature du président Paul Biya, âgé de 93 ans, et à la tête de la magistrature suprême depuis 42 ans.
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Et pour certains d’entre eux, ce mandat est une souffrance supplémentaire pour les Camerounais. « On ne va pas souffrir plus que ça encore ; on a déjà souffert ; le pire ne viendra pas ; même le diable, qu’il prenne d’abord le pouvoir au Cameroun, et on verra après », rage Mgr Barthélémy Yaouda Hourgo, évêque de Yagoua, au cours de son homélie.
Une candidature qui n’est pas réaliste
D’autres prélats ont également lancé des pics lors de leurs homélies à l’occasion de la fête du nouvel an, critiquant la gouvernance de Paul Biya alors que ce dernier se dit toujours « déterminé à servir ». Et pour Mgr Samuel Kléda, archevêque métropolitain de Douala, dont une récente sortie avait suscité une importante communication des cadres du Rdpc, une nouvelle candidature du président Paul Biya n’est pas réaliste. « Nous sommes des êtres humains ; à un moment donné, nous quittons ce monde ; nous ne pouvons pas faire de miracles », interpelle-t-il.
À travers ces prises de position, les trois prélats expriment la souffrance et la colère d’une population qui aspire à un changement. Un peuple habité par un sentiment d’impuissance et une promesse de la répression faite par les gouvernants. Elles relèvent également un malaise profond au sein de la société camerounaise. Les évêques appellent ainsi à un renouvellement du leadership politique et à une meilleure prise en compte des aspirations du peuple.
Mgr Jean Mbarga, archevêque métropolitain de Yaoundé s’est voulu plus tempéré et a appelé à la paix. « Que Dieu nous protège du conflit, de la mésentente, de la discorde » a t-il lancé.
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