Pénurie de carburant : le coût du transport explose à Douala

Depuis dimanche dernier, le prix du transport par moto notamment a doublé voire triplé. Les transporteurs pointent du doigt la rareté du Super dans les stations-services et le son coût élevé lorsqu’ils en trouvent.

Pour rejoindre son lieu de travail ce lundi matin, Dominique a déboursé la somme de 500 Fcfa. Parti du lieu-dit Ecole publique Deido, ce montant lui a été imposé par la moto qui l’a transporté pour Akwa, lieu-dit Mobil Bonakouamouang. La distance est pourtant habituellement payée à 250 Fcfa voir 300 Fcfa. De même, Hervé a déboursé la somme de 1000 Fcfa, partant de Bonamoussadi ; lieu-dit Rond-point Maetur, pour se rendre à Akwa. Un montant deux fois supérieur à celui qu’il débourse habituellement. Comme eux, de nombreux habitants de la capitale économique ont dû payer au moins le double du coût du transport habituel, ce lundi, 11 décembre 2023, pour se rendre à leur destination. Au carrefour Ndokoti, les passagers en partance pour Akwa, Logpom, Logbessou, doivent débourser entre 500 et 1000 Fcfa. Deux fois plus que d’habitude.

La hausse du prix du transport qui est consécutive à la rareté du Super dans les lieux d’approvisionnement de la ville de Douala dure au moins depuis la veille, dimanche, 10 décembre 2023. Voulant regagner son domicile, Basile a dû payer la somme de 400 Fcfa partant du marché Ndogpassi pour Saint Nicolas. Une distance d’environ 2km pour laquelle les clients payent 100 Fcfa ou 150 Fcfa. Pour justifier cette hausse du prix du transport, les conducteurs de moto pointent du doigt l’absence de Super dans les stations-services. « il n’y a pas de carburant. Et même quand on en trouve, il faut payer plus. Certaines stations-services qui en possèdent nous exigent 300 Fcfa de plus par litre. Et puisque nous sommes dans le besoin, on n’a pas le choix », explique un bendskinneur.

Station Neptune CCC dimanche 10 décembre 2023

Faute de Super dans les stations-services, les consommateurs se ruent vers le carburant de contrebande. Mais, là également, le prix est en hausse. « Ils nous vendent le litre à 1000 Fcfa. Pratiquement 250 Fcfa de plus par litre. Vous voyez donc que nous sommes obligés d’augmenter le prix du transport, si non, on ne s’en sortira pas », développe un conducteur de mototaxi. Et les conséquences sont multiples. Outre la hausse du coût de transport, de nombreux habitants de Douala sont contraints à la marche à pied.  « Ce matin, les motos m’ont exigé 200 Fcfa partant de Ndokoti pour Iues/Insam. J’ai préféré aller à pied, bien que j’étais déjà en retard », explique Blandine, étudiante. La distance qui coûte habituellement 100 Fcfa est longue de moins d’un kilomètre. Les élèves en paient également le prix. « Mes enfants m’ont appelé ce matin pour me dire qu’ils n’ont pas pu se rendre à l’école. Vu la distance qui les sépare de leur établissement scolaire, ils n’ont pas pu payer la somme exigée par les automobilistes et mototaximen. Ils ne pouvaient non plus aller à pied, vu la distance», se désole Fernand.

Retard à l’arrivée des navires

Dans un communiqué de presse rendu public ce lundi, 11 décembre 2023, le ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee), Gaston Eloundou ESSOMBA tente de rassurer. « Cette perturbation a pour principale cause le retard dans l’arrivée de trois navires transportant ledit produit, dus aux conditions météo-océanologiques défavorables, qui ont interrompu les chargements ship-to-ship desdits navires pendant quatre jours au port hub de Lomé. Actuellement, un des navires est déjà à quai à Douala avec 13000 m3 de super », explique le Minee d’après qui des dispositions ont été prises avec la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp) pour un chargement immédiat de 81 camions citernes pour renforcer les transferts. « Un retour à la normale est prévu dès mardi, 12 décembre 2023 », rassure Gaston Elondou ESSOMBA. En attendant, de nombreux doualais s’apprêtent à regagner leurs domiciles par la marche à pied, après le travail.