Liberté de la presse : des journalistes matraqués à Douala
Rendus à la place du gouvernement à Bonanjo pour leur traditionnelle déclaration comme c’est le cas tous les 03 mai, ils ont été chassés par des policiers munis de matraques.
Par Armel Mouanjo
La manifestation prévue par le Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) antenne du Littoral, à la place du gouvernement au quartier administratif Bonanjo, à Douala, région du Littoral, le vendredi, 03 mai 2024 n’a pas eu lieu. Les journalistes qui s’y sont rendus à l’occasion de la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse, ont tour à tour été chassés par le commissaire de police en faction à cet endroit et une dizaine d’éléments de la police qui veillaient aux grains afin d’empêcher que les hommes de média n’y tiennent leur manifestation qui a été déclarée, et qui ne consiste, comme de coutume, qu’à un rassemblement et à une lecture des différents messages du Snjc, du Secrétaire général de l’Onu, de l’Unesco, de la Fédération internationale des journalistes (Fij)…
Interdiction de manifester
Lorsqu’arrive la présidente nationale du Snjc, Marion OBAM MAHEL aux environs de 9h40, le lieu est désert. Juste deux journalistes sont présents. A la vue de la présidente, quelques journalistes qui rodaient autour pour échapper à la vigilance de la police pressent le pas. En quelques minutes, une dizaine d’entre eux sont présents. A l’aide de rubans de tissu, les journalistes se bâillonnent la bouche en signe de dénonciation des multiples violations et abus dont ils sont victimes. Les policiers qui suivent la scène à distance s’empressent de l’interrompre. Munis de matraques, ils ordonnent de mettre un terme au rassemblement et de quitter Bonanjo sur le champ.
Le commissaire de police n’est pas très ouvert au dialogue. Il s’oppose à toute explication de la présidente du Snjc. D’un ton ferme, le visage serré, il revient sur sa matinée, rendue difficile d’après lui, depuis que les journalistes ont commencé à affluer en ces lieux. « C’est fatiguant à la limite. Depuis le matin, vous êtes au moins la dizaine vague de journalistes qu’on chasse ici. Vos confrères étaient là ce matin. Le sous-préfet (de Douala 1er) lui-même était présent. Il leur a expliqué qu’ils ne peuvent pas manifester ici parce qu’on ne pourrait pas encadrer leur manifestation, qu’ils doivent choisir un endroit où la manifestation peut être encadrée. Donc, nous exécutons ses instructions. Et pour cela, vous devez quitter ces lieux », tempête le commissaire de police.
Violences sur journalistes
Pourtant, la manifestation a été déclarée, rappelle Marion OBAM MAHEL qui indique au fonctionnaire de police que n’ayant pas obtenu un refus dûment notifié, le silence tient lieu d’autorisation. « Votre manifestation n’a pas été autorisée. Ce n’est pas parce que nous n’avez pas reçu un refus formel que cela veut dire que vous avez été autorisé à manifester », rage le commissaire de police qui a ordonné à ses éléments d’escorter les journalistes jusqu’au pont Joss (limite entre Bonanjo et Akwa) pendant que la présidente nationale du Snjc allait à la rencontre du sous-préfet pour savoir les raisons de cette interdiction.
Moins d’une heure plus tôt, d’autres journalistes se faisaient déjà chasser de ces lieux où les hommes de média s’étaient donné rendez-vous, comme tous les 03 mai, pour commémorer la Journée internationale de la liberté de la presse. Là également, le ton était monté d’un cran. « Le commissaire Mohamed et son équipe m’ont mise de force dans ma voiture avec quelques camarades », témoigne Hildegarde PAYONG. «Les journalistes ont été bousculés par le commissaire en personne. Les téléphones portables et appareils confisqués. D’autres confrères auraient été violentés, si on ne s’y était pas opposé », témoigne un autre journaliste. Des violences et restrictions le jour de la journée qui célèbre la liberté de la presse, qui témoignent, s’il en était encore besoin que le climat d’intimidation dans laquelle la presse exerce au Cameroun.
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