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Effondrement d’un R+4 à Douala : les fouilles se poursuivent

Alors que le bilan dressé par les secouristes fait désormais état de 54 victimes dont 37 morts, les familles restent dans l’attente des nouvelles de nombreux proches.

Au lieu-dit mobil Guinness, le Site de l’effondrement de l’immeuble R+4, dimanche dernier à minuit ne désemplit pas. Sur place, les engins soulèvent de lourds blocs de béton pour espérer retrouver des survivants. Sous le regard ahuri des populations retenus par une ceinture de sécurité constituée des éléments des forces de défense et de sécurité, les sapeurs pompiers continuent les fouilles. Les familles des victimes ne retiennent pas leur douleur. Certaines sont sans nouvelles de leurs proches depuis dimanche.

La mère Kelyane, cherche le corps de sa fille. Elle célébrait la réussite du Baccalauréat d’un ami dans cet immeuble lorsque le drame est survenu. Les yeux larmoyants, le regard livide, elle prononce sans cesse le nom de sa fille. «Kelyane qu’as-tu fait comme ça ? J’étais déjà à la morgue. Son nom n’y est pas. Elle est peut-être encore ici », se lamente-t-elle. En contrebas, une jeune femme s’enroule dans la boue en pleurant. « Vous m’avez arraché ma sœur jumelle et son Bts », laisse-t-elle entendre, sous les regards compatissants des personnes présentes sur le site.


Le ministre de l’Habitat et du Développement Urbain (Minhdu), Célestine KETCHA COURTES, descendue sur les lieux du drame, hier, 24 juillet 2023, dresse le bilan officiel, près de 24h après le drame. « Les actions de sauvetage continuent sur le terrain, mais suivant les premières estimations données par le Commandant du groupement des sapeurs-pompiers, sur les 54 victimes déjà identifiées, on enregistre 33 décès et 21 blessés, mais les fouilles se poursuivent dans les décombres », dresse-t-elle dans un communiqué radio-presse rendu public au terme de sa visite.

Recommandations en cinq points

La Minhdu a par la suite présidé une réunion avec le gouverneur de la région du Littoral et les autorités de ville, au cours de laquelle elle a attiré l’attention des autorités sur l’état des constructions dans la ville de Douala. L’immeuble effondré était bâti sur une zone non constructible, apprend-on. Et pendant sa visite sur les lieux, l’on a pu constaté un bâtiment voisin, en étage dont la construction ne respecte pas les normes. Le Minhdu a formulé au gouverneur des recommandations en 5 points.

Ainsi, il sera question pour Samuel Dieudonné IVAHA DIBOUA de « faire l’état de tous les immeubles qui sont dans cette zone afin de décider très rapidement de ce qu’il faut faire pour préserver le lieu qui devrait être le poumon vert de Douala 5e ; procéder au déguerpissement des personnes habitant de tels immeubles pour anticiper sur d’autres effondrements ; la nécessité de l’obtention du permis de bâtir ; sensibiliser les populations sur les risques d’occupation des zones non- constructibles ; mettre sur pied un système de prévention de l’habitat spontané; exclure dans ces zones la possibilité de dérogation », a listé Célestine KETCHA COURTES.

LIRE AUSSI: Douala: au moins 30 morts dans l’effondrement d’un immeuble

A l’hôpital Laquintinie de Douala et à l’hôpital de Deido où les blessés sont pris en charge, la Minhdua instruit la prise en charge immédiatement et sans aucune condition des victimes. A l’hôpital de Deido, quatre enfants restent hospitalisés, trois sont dans un état stable, un est décédé âgé entre 6 et 8 mois et sa famille non repérée. Il y a également 10 patients qui sont sortis dont 9 pour la maison et un cas préoccupant évacué à Laquintinie. Cet enfant est victime d’un traumatisme à la hanche. Son traitement nécessite l’implantation d’une prothèse, selon le directeur de l’Hôpital Laquintinie où sont internées 11 victimes. Dans l’intervalle, trois sont sorties et huit attendent.

Expertiser les immeubles

Selon Hervé Rostand PIBOU, architecte, les effondrements d’immeubles relèvent très souvent de trois choses. L’erreur de calculs, une très mauvaise étude et une très mauvaise exécution.

Pour ce qui est de l’erreur de calculs, s’il y a eu des professionnels qui ont travaillé dessus, ils ont certainement fait une erreur dans le dimensionnement de la structure du bâtiment. C’est une erreur de calculs grave et tout bon professionnel devrait pouvoir éviter cela.

Sur la mauvaise exécution c’est-à-dire pas d’étude. C’est la situation la plus fréquente. On a beaucoup de personnes qui exécutent sans jamais faire appel à des professionnels. “Nous voyons des bâtiments pousser et des gens ne nous consultent pas. Et quand bien même ils le font, ils trouvent que nos honoraires sont élevés alors qu’ils font des investissements énormes”, note l’expert en bâtiments selon qui pour ce qui est de la troisième raison, quand bien même ils consultent des professionnels et qu’on leur donne des prescriptions, ils ne les appliquent pas lors de l’exécution. Et c’est là la mauvaise exécution, la mauvaise mise en valeur des matériaux.

Les fouillent se poursuivent sous le regard des populations entre espoir et inquiétude

Et donc, pour mettre un terme à ces effondrements d’immeubles, l’expert propose quelques solutions. Pour lui, il faut avoir de bonnes études lors de la construction. “Pour les bâtiments qui sont déjà construits, je souhaiterais que les autorités de la ville lancent une campagne de recensement des permis de bâtir, exigent que des expertises soient faites sur des bâtiments à risque. Si un bâtiment a des fissures qui apparaissent, on peut sommer le propriétaire de contacter un expert qui vérifie si la structure tient encore. Cela nous éviterait les effondrements. L’expert viendra faire un sondage de structure, vérifiera et pourra, à la fin, dire si oui ou non le bâtiment va tenir. Et on va demander aux promoteurs de prendre les mesures pour corriger les manquements, faute de quoi la Commune se verra dans l’obligation de le démolir. L’administration doit pousser le promoteur à sécuriser son bâtiment”, propose Hervé Rostand PIBOU d’après qui, beaucoup de ces promoteurs ne savent même pas que leurs bâtiments sont malades.

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