Douala: sale temps pour les mototaxis
Malgré l’arrêté du préfet du département du Wouri interdisant leur circulation au-delà de 20h, des benskineurs bravent l’interdiction. Conséquence, de nombreuses motos sont interpellées et des populations peinent à regagner leurs domiciles la nuit tombée.
Une forte présence de la police et de la gendarmerie est observée vendredi, 16 décembre 2022 aux environs de 22h au rond-point Dakar. Une dizaine de véhicules sont stationnés, gyrophares illuminant la nuit. Policiers et gendarmes en tenue veillent au grain. Pas l’ombre d’une moto. Les conducteurs de mototaxis qui se sont passés l’information empruntent les voies de contournement dans les quartiers afin de déposer leurs passagers à destination. Sur place au rond-point Dakar, les motos se sont enfuies à l’arrivé des Forces de maintien de l’ordre (Fmo). Ceux qui n’ont pas reçu l’information et qui circulent sont interpellés. Les occupants de la moto sont débarqués et l’engin confisqué. Des dizaines de motos sont ainsi saisies et parquées à l’arrière des pick-up de la police et de la gendarmerie. Tout à côté, plusieurs centaines de passagers sont alignés en bordure de la route, sur près de 100 mètres dans l’attente des taxis qui arrivent au compte-goutte. Lesquels sont instantanément assaillis par les clients qui s’y engouffrent. Certains, désespérés, engagent la marche à pieds.
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Même lieu, même heure, le samedi 17 décembre. Il est 22h30. un seul pick-up de la police est visible. Mais, les conducteurs restent prudents. Juste quelques motos circulent. Et des centaines de personnes attendent. Ces deux visages du respect de l’arrêté du préfet du département du Wouri interdisant la circulation des moto-taxis entre 20h et 6h est observé depuis l’entrée en vigueur de cette interdiction. Dans plusieurs carrefours, les Fmo sont visibles. Même si leur nombre n’est pas tous les jours le même. Ce qui emmène les conducteurs de moto ayant choisi de braver l’interdiction à épier les faits et gestes des Fmo. « Quand on roule la nuit on est désormais très prudent. Puisqu’il faut en même temps contrôler la présence des hommes en tenue, détecter à distance la présence de leurs véhicules. Et donc, parfois, entre bendskinneurs, on se renseigne, s’informe sur leurs positions afin de savoir quelle route emprunter, quel carrefour éviter pour parvenir à notre destination », confie un conducteur de moto-taxi.
Jeu de cache cache
C’est ainsi que dans la nuit de samedi à dimanche 18 décembre 2022 par exemple, les motos ont circulé au rond-point Deido, au carrefour Bijoux-Bonamoussadi, au carrefour Ndokoti, au carrefour Nelson Mandela, et à divers autres carrefours où les Fmo étaient en nombre réduit, ou alors pas du tout présents. Ce qui n’a pas empêché l’arrestation de nombreuses motos et des cas d’abus des Fmo au moment de l’interpellation. Quelques actes de violence sont observés, comme cette scène d’un commandant d’une brigade de gendarmerie assénant un coup de pied au conducteur d’une moto qui roulait, avant de sauter sur une autre transportant une femme, et qui était également en circulation. Selon les témoins, la scène s’est déroulée dans la nuit de samedi devant la sous-préfecture de Douala 5ème et a laissé les autres éléments des Fmo pantois. Les conducteurs de moto, et leurs passagers, grièvement blessés, ont été conduits dans la formation sanitaire la plus proche.
Depuis l’entrée en vigueur de cet arrêté, les conducteurs déplorent un manque à gagner, et disent ne plus être à même de verser la recette à leurs patrons, notamment pour ceux qui n’en sont pas propriétaires. Les populations disent également leurs souffrances, et proposent des solutions. « Si cette mesure doit être maintenue, que les communes d’arrondissement achètent les taxis et les mettent en circulation pour atténuer la souffrance des populations. Que la Socatur travaille également dans la nuit pour nous permettre de regagner nos domiciles avec un peu moins de souffrances, parce que c’est un calvaire qu’on vit depuis que les motos sont interdites de circuler dans la nuit », propose Dave,
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