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Affaire Hervé BOPDA : les victimes encouragées à porter plainte

Alors que de nombreux anonymes et personnalités se mobilisent pour faire pression sur les autorités pour qu’elles engagent les procédures nécessaires afin de le mettre hors d’état de nuire, les spécialistes soulignent que des plaintes pourront permettre d’enclencher une action judiciaire.  

Voilà déjà presque 72h que la toile et l’opinion publique sont secouées par une affreuse affaire de suspicion de viols en série et de prédation sexuelle. Le mis en cause, Hervé BOPDA, est accusé par de nombreux témoins anonymes d’aborder femmes et hommes dans des restaurants ou dans la rue à bord de son véhicule ; de les kidnapper, les violer, les séquestrer ou les torturer. Depuis, une clameur s’élève de la toile pour réclamer justice. Ils sont nombreux à se demander pourquoi rien n’est fait jusqu’ici. « Concernant le BOPDA, à ce stade, nous devons obliger nos responsables à réagir face à l’ampleur de ces dénonciations. Il existe déjà des millions d’indices permettant à la police de faire son travail » tonne Rémi Tassing, bien connu de la sphère Twitter camerounaise.

Et pourtant la procédure est toute autre soutient Me Michèle Mpacko, l’avocate au barreau du Cameroun insiste sur le fait que sans une plainte formelle, l’affaire mourra. « On ne peut pas démarrer une procédure sur la base des déclarations d’un compte sur internet… !!! Les victimes, c’est qui ? Les témoins c’est qui ? » fait-t-elle savoir lorsque Télé’Asu la contacte. Sur son compte twitter, elle écrit, « AUX VICTIMES : Aidez-nous à vous aider. La première victoire de votre bourreau est votre silence, votre anonymat. Votre première victoire est de signer votre plainte. De revendiquer votre droit à être défendue et protégée en tant que victime. On en a besoin pour vous défendre ».

La piste du procureur de la République évoquée

Les internautes ne l’entendent pas de cette oreille et estiment que l’affaire peut être portée par le procureur de la République s’il en avait la volonté. Ce à quoi Me MPACKO répond « Il peut s’auto-saisir mais il n’a le NOM d’aucune VICTIME !!!!! Son dossier sera BOPDA Hervé contre QUI ???? ». L’avocate insiste sur le fait qu’il faut enclencher l’action par les plaintes faute de quoi rien de durable ne peut être fait contre Hervé BOPDA. Une suggestion qui ne passe pas auprès des internautes qui estiment qu’avec plus de 50 témoignages, la procédure devrait pouvoir être enclenchée. Certains s’en sont pris à la députée Nourane FOSTER pour avoir demandé aux victimes de porter plainte. « Honorable @nouranefoster je pense que vous êtes à même de faire bien plus que de les encourager à porter plainte. Saisissez le procureur de la république, constituez-vous parti civil s’il le faut » eut-il lire d’un certain monsieur GANSE. Sur cette question, un magistrat fait savoir que le procureur de la République peut bel et bien s’autosaisir de l’affaire sans plainte préalable sur la base des “déclarations cohérentes”. Et exiger même qu’il passe le test sérologique. “Ouvrir une enquête n’est pas un acte de condamnation” dit-il. Il fait savoir que si le procureur prend l’affaire en main, “on aura un dossier même sans les victimes” et qui sera tout à fait valide. 

LIRE AUSSI: Hervé BOPDA : l’histoire d’un présumé prédateur sexuel qui secoue la toile

« Toute une députée qui se contente d’encourager les victimes à porter plainte et demander aux autorités de se saisir de l’affaire et d’aider les victimes ! » clame Rose TANDE, une militante féministe camerounaise sur son compte Twitter. “Ceux qui veulent une réaction officielle des pouvoirs publics devraient réfléchir au caractère informel et virtuel de toute cette affaire” insiste Me MPACKO.

Les obstacles à la plainte 

Selon un autre avocat que nous avons contacté, le risque pour que cette affaire soi classée sans suite. Trois facteurs au moins ne favorisent pas les plaintes. Premièrement la peur d’être catalogués comme étant des gens faciles qui ont été violées de par leur imprudence. En second lieu, le puissant réseau auquel appartiendrait le présumé prédateur sexuel et qui pourrait être source d’insécurité. la troisième raison est pas des moindres c’est la peur de la stigmatisation liée aux révélations selon lesquelles le sujet serait porteur du virus du VIH/SIDA. Autant d’obstacles à l’émergence des plaintes. Et pourtant, insiste Me MPACKO, les victimes doivent prendre la peine de saisir les avocats afin de permettre d’enclencher l’affaire. D’autant plus que l’action du procureur n’est pas certaine.