Révisionnisme : levée de bouclier contre les déclarations d’Elimbi Lobè

Plusieurs personnalités expriment leur indignation après les propos du leader du mouvement Kawtal, qui a qualifié Ernest Ouandié de “bandit”.

Depuis quelques jours, la toile camerounaise est en ébullition suite aux propos d’Elimbi Lobè concernant Ernest Ouandié. Invité sur le plateau de l’émission “Libre expression” sur Info TV ce dimanche 23 février 2025, le leader du mouvement Kawtal qualifie Ernest Ouandié, figure emblématique du nationalisme camerounais et héros de la lutte pour l’indépendance, de “bandit”.

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En évoquant l’histoire d’Ernest Ouandié, l’homme politique déclare que « lorsqu’on arrête Ernest Ouandié, qui était un bandit, un grand bandit, il ne faisait pas de la politique ; le Cameroun était déjà indépendant ». Ces mots ont immédiatement provoqué une vague de désapprobation.

Condamnation tous azimuts

Les commentaires n’ont pas tardé à affluer, principalement sur les réseaux sociaux, où nombreux sont ceux qui se sont insurgés contre ces propos. L’entrepreneure Rebecca Enonchong exprime son désarroi devant une telle déclaration. « Le discours d’Elimbi Lobè me brise le cœur ; libre à lui de penser ce qu’il veut, mais ça fait mal ; mais c’est un symptôme de quelque chose de bien plus profond ; un Cameroun où chacun se sent chez lui partout sur le territoire reste une illusion, un rêve ; et aucun dirigeant ne se montre capable de bâtir une véritable nation », explique-t-elle sur X.

Sur Facebook, Samuel Eto’o met l’accent sur l’importance du devoir de mémoire. « Devoir de mémoire: ces héros auxquels nous devons tout ! Réparer, commémorer, transmettre aux plus jeunes le leg de ces héros, dont le sacrifice nous permet d’être le Cameroun, d’être une nation ; célébrons les héros d’ailleurs, célébrons d’abord les héros d’ici », écrit le président de la Fecafoot avant de poursuivre « Rudolf Douala Manga Bell, Martin Paul Samba, Ruben Um Nyobe, Ernest Ouandié, Nous ne devons jamais oublier ce que nous leur devons ».

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Le social media manager Ismaël Feussi exprime son indignation sur X en écrivant « c’est vraiment triste de voir aujourd’hui que pour la quête d’intérêts personnels, l’un des héros du Cameroun soit humilié ainsi sur les plateaux télé ». De son côté, l’Union des populations du Cameroun (UPC-MANIDEM), sur son compte X, déclare que « pour Elimbi Lobè, Ernest Ouandié, héros national par la loi (91-022) de réhabilitation du 16/12/1991, “était un bandit” ; quand l’ignorance se mêle à la haine aveugle, ça donne des Elimbi Lobè ; vivement une #TransitionPolitique pour vulgariser la vraie histoire du Kamerun ».

Des appels à l’amende honorable et à la justice

Pour David Eboutou, les propos d’Elimbi Lobè sont inacceptables, et il appelle ce dernier à faire amende honorable. « habitué à des envolées sans retenue, il a attaqué une nouvelle fois celui que nous considérons comme le dernier nationaliste Upéciste révolutionnaire, en le qualifiant de “bandit” ». Et de rappeler qu’ Ernest Ouandié aurait aujourd’hui 101 ans si son engagement contre le néo-colonialisme ne l’avait pas conduit à sa condamnation et à son exécution à Bafoussam en janvier 1971.

Célestin Djamen, dirigeant du mouvement APAR, annonce quant à lui son intention de porter plainte contre Info tv et Elimbi Lobè pour ce qu’il considère comme une offense grave à la mémoire collective. « Aucune nation au monde n’a accepté qu’on traite un héros national de bandit ; vous allez assumer », affirme-t-il.

L’activiste Joe La Conscience propose, pour sa part, la création du collectif des nationalistes Camerounais pour la dignité des héros nationaux en vue d’une action judiciaire contre Elimbi Lobè. Henriette Ekwe, journaliste et militante UPC reproche à Elimbi Lobè de manquer de culture politique rappelant que Ernest Ouandié est “celui qui a passé le plus d’années en brousse” dans la lutte nationaliste. Elle qualifie ces propos d’enfantillage.