Rebecca Enonchong gardée à vue pour « outrage à magistrat »

La très influente directrice générale de Appstech va passer sa deuxième nuit à la légion de la gendarmerie du Littoral. Retour sur une détention qui choque.

Rebecca Enonchong fait partie de presque tous les classements des africains les plus influents. Celle qui a fondé Appstech depuis plus de 20 ans est une entrepreneure tech connue. Normal que sa détention ne passe pas inaperçue.

C’est la femme politique Kah Walla qui donne la sonnette d’alarme sur les réseaux sociaux en faisant savoir que Rebecca Enonchong est gardée à vue depuis la veille 10 août pour « outrage à magistrat ».

« Tout ce que nous savons, c’est qu’il existe une “plainte verbale du procureur général”. Pas de convocation, pas de mandat » s’indigne-t-elle. Elle précise enquête que  Rebecca Enonchong a été appelée à la gendarmerie avant d’être détenue abusivement.

« L’illégalité et l’injustice au Cameroun n’ont pas de limite !#FreeRebecca » conclut la présidente du Cameroon people’s party.

Since yesterday @africatechie is being held at the Légion de Gendarmerie Dla.

All we know is there's a "plainte verbal du Procureur Général". No summons, no warrant. Called to Gendarmerie then held until now!

Illegality and injustice in Cameroon knows no limit! #FreeRebecca pic.twitter.com/jq70ypeGwS

— Kah Walla (@KahWalla) August 11, 2021

L’Outrage à Magistrat

Contactée par Télé’Asu, Rebecca Enonchong confirme la nouvelle mais renvoie vers ses proches. On apprend notamment que c’est dans le cadre d’une affaire familiale en cours devant le tribunal. Elle a demandé que les deux plaintes déposées sur le même dossier soient traitées par un seul enquêteur plutôt que deux distincts. C’est par la suite qu’on lui apprend que que cette suggestion est considérée comme un “outrage à magistrat”.

Sauf que le procureur général n’a pas déposé de plainte écrite. Il a fait garder Rebecca Enonchong sur simple déclaration verbale. Toute chose que de nombreux internautes qualifient d’abus. Au cours de cette journée du 11 août 2021, celle qui est aussi présidente du conseil d’administration d’Afrilabs, un réseau panafricain de plus de 268 centres d’innovation dans 49 pays africains est conduite au tribunal de première instance de Bonanjo. Elle y passe 4h pendant lesquelles chaque partie se renvoie la responsabilité de cette détention. Finalement la décision est prise de la garder à vue une deuxième nuit. Elle sera reconduite à la légion de la gendarmerie aux environs de 18h30.

#FreeRebecca pour la mobilisation

Depuis ce mercredi 11 août, plusieurs internautes se mobilisent pour demander la libération de Rebecca Enonchong à travers le hashtag #FreeRebecca.

Certains voient dans cette détention une tentative d’intimidation d’une femme qui ne manque jamais de mettre le gouvernement camerounais face à ses manquements.  Connue pour sa liberté de ton et son activisme pour les droits digitaux et humains en général, Rebecca Enonchong a en horreur l’abus de pouvoir et l’injustice.

Rebecca Enonchong est attendue à nouveau au tribunal de première instance de Bonanjo ce jeudi 12 août 2021 dès 8h.

Kah Walla s’exprime sur les conditions de la garde à vue de Rebecca Enonchong