Paiement mobile : Pourquoi YUP de Société Générale met fin à ses activités ?

Nicolas Pichou, le directeur général de la filiale Cameroun du groupe bancaire annonce dans un message adressé à ses collaborateurs la fin du service YUP. Les raisons ayant poussé à cet arrêt sont diverses.

Par Annie Payep-Nlepe

La nouvelle est tombée en interne ce 1^er mars 2022. Après 5 ans à essayer de gagner des parts de marchés, YUP ferme. En dehors du Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Burkina Faso, la Guinée, le Ghana et Madagascar sont aussi concernés.

Dans son message, Nicolas Pichou fait savoir que « Malgré tous les efforts consentis par les équipes YUP, dans les 7 géographies concernées dont le Cameroun, pour développer nos parts de marchés et améliorer l’expérience, le service n’a pas réussi à créer un modèle viable et les perspectives de marché ne nous permettent pas d’envisager son maintien ».

Une large avance des opérateurs telcos difficile à rattraper

Quelques unes des raisons de cette décision sont contenues dans le message du directeur de SGC. On retient que Yup n’était pas assez rentable et n’a pas pu trouver sa voie. La forte domination des opérateurs téléphonie mobile rend difficile l’accès à ce marché. MTN mobile Money et orange Cameroun dominent très largement le segment du paiement mobile au Cameroun. MTN par exemple revendique 5,6 millions de clients actifs avec 168 000 points de présence à travers le pays. Une présence territoriale difficile à concurrencer. 

Jointe au téléphone par Télé’Asu pour Echostech, la directrice de YUP, Sylviane Moudeke évoque d’autres raisons comme l’interopérabilité entre les opérateurs qui a rendu l’existence des services comme Yup presque inutiles. « Quel serait l’intérêt pour un particulier d’utiliser YUP alors qu’il peut désormais effectuer sa transaction de son compte bancaire vers son MOMO ou OM et vice versa sans souci»? s’interroge t-elle. Elle rappelle ainsi que l’offre de Yup avait pour ambition de proposer une alternative aux utilisateurs.

Sylviane Moudeke évoque aussi l’arrivée de Wave au Sénégal qui a chamboulé le marché et menacé jusqu’aux opérateurs de téléphonie mobile traditionnels solidement installés sur le segment. Toute chose qui a contribué à affaiblir Yup fragilisant son business modèle déjà en quête de stabilité.

YUP a t-il manqué de stratégie de pénétration du marché ?

D’après des observateurs, hormis le fait que les opérateurs ont une longueur d’avance, Yup n’aurait pas suffisamment investi dans les points relais, rendant les retraits et envois difficiles. Un avis que ne partage sûrement pas Sylviane Moudeke qui fait savoir que l’entreprise avait conclu des accords avec des partenaires et étendu son service bien loin des zones bancarisées. Visiblement cela n’a pas suffit.

Le service de paiement mobile de société générale était considéré comme trop procédurière, ce que ne dément pas Syviane Moudeke qui fait tout de même savoir que les procédures auxquelles sont soumises les banques les obligent à s’entourer d’un maximum de sécurité pour toute transaction. Cela peut effectivement donner l’impression d’être lourd “et pas assez agile” mais clairement plus sécurisé défend t-elle avant de prendre pour preuve le fait que les arnaques étaient inexistantes sur YUP.

Au niveau des coûts, les frais de transfert de ce service sont restés pendant longtemps plus chers que la concurrence avant de s’aligner sur OM et MOMO au fil du temps.

Nicolas Pichou dans sa note à ses collaborateurs fait savoir qu’un délai de trois mois est accordé aux utilisateurs pour procéder à leurs dernières opérations. Et contrairement à ce qui a été annoncé par certains médias, passé ce délai l’argent n’est pas perdu fait savoir madame Moudeke qui rappelle qu’il s’agit tout de même d’une banque et qu’il suffira à tout utilisateur YUP de se rendre dans une des agences de SGC pour procéder au retrait de son argent.

Message de Nicolas Pichou à ses collaborateurs sur la fin de YUP