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Cinéma: “Enterrés” déterre les abus sexuels d’hommes d’Eglise sur les enfants

Quatre anciens pensionnaires d’un orphelinat qui se retrouvent après le décès de leur tuteur: Daddy. L’idée est de Ndewa (incarné à l’écran par Anurin Nwunembom ) qui voudrait qu’avec ses amis de l’orphelinat, ils se remémorent les souvenirs du pensionnat. Voilà résumé le nouveau long métrage de la bénino-camerounaise, Françoise Ellong.

D’une durée d’une heure et vingt-huit minutes, « Enterrés » déterre les souffrances des victimes de violences sexuelles des hommes d’église. Si le film s’ouvre avec quelques souvenirs heureux d’enfance, les spectateurs présents ce 27 novembre à Canal Olympia Douala pour la grande Première, se sont rapidement rendus compte que l’ambiance allait être triste. Au fil du film, on se rend compte que Agnès (Emy Dany Bassong ) et Assan ( Assala kofane ) ont été abusés dans leur enfance à l’orphelinat par Daddy. Ndewa, lui, aura échappé en acceptant de collaborer avec le bourreau. Le secret sera d’ailleurs dévoilé vers la fin du film par Miyem (Denis Etouka), la terreur de la cour de récréation qui tenait à redorer son image. En clair, ce sont des anciennes victimes de violences sexuelles qui une fois grand, ne sont toujours pas guéris de leur blessure. Comme Assan qui n’arrive toujours à porter son fils de 08ans lorsqu’il est nu. Une difficile reconstruction une fois devenu adulte, comme dans ce reportage qui a donné l’inspiration à la réalisatrice de « W.A.K.A » (premier long métrage de Françoise Ellong).

La difficile reconstruction des victimes

La réalisatrice a tout mis en œuvre pour que celui qui regarde le film se focalise sur le message : Dénoncer les violences sexuelles faites sur les enfants. Le décor est terne (tout le film se déroule au milieu d’une forêt), la musique est triste, le noir est la couleur dominante du costume. Le film est aussi un appel à plus d’écoute ; écouter ceux qui souffrent. Cela se matérialise à l’écran par un ensemble de monologues. Pour le réalisateur Claye Edou présent à la Première de « Enterrés », réussir à capter l’attention avec si peu de personnages est un exercice difficile au cinéma. Car « il faut les dialogues excellents, un bon enchaînement dans le scénario, des acteurs qui puissent tout donner pour pouvoir captiver» estime le réalisateur du film d’animation « Minga et la cuillère cassée ». Pour le journaliste d’ABK Radio Achille Assako, ce n’est pas « un film grand public, mais très interpellateur. Un film sur le silence imposé aux enfants  par les adultes un peu dérangés. Une problématique intéressante et actuelle.»

     

L’avis est partagé par un autre journaliste présent dans la salle du Canal Olympia Douala le 27 novembre dernier. Falix de Radio Balafon parle d’ « un film qui touche, un chef d’œuvre ; un film pour écouter, si on n’écoute pas, si on n’est pas attentif, on passe à côté. » La thématique du film est l’une des raisons qui a poussé Lucie Memba Boss à accepter le rôle de Marie. « C’est un sujet qui ose, qui est même engagé à la limite. C’est ce qui m’a marqué le plus. »

Le sujet n’a pas laissé indifférentes les salles Canal Olympia qui en ont fait leur coup de cœur pour ce mois de décembre. Le film est programmé pour la réouverture de Canal Olympia Yaoundé. Avant sa sortie, Enterrés avait déjà reçu trois prix, la Mention spéciale du Jury Afrique Centrale aux Ecrans Noirs et deux prix au Yarha Festival. Enterrés est parti pour connaître le même succès que W.A.K.A.