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Axe PK14-PK21 : nuages de poussières et vies en danger

Les habitants, étudiants et travailleurs de ces quartiers de Douala vivent désormais un véritable enfer depuis le début de la saison sèche après avoir combattu la boue pendant des mois.

Depuis novembre dernier, les habitants de l’axe routier Pk14-Pk21, dans l’arrondissement de Douala 3e, subissent les effets dévastateurs de la poussière. Les images d’étudiants du Campus de PK17 qui arrivent à l’école dans un nuage de poussière font le tour de la toile chaque jour mais rien ne change.

Un rituel a même été mis en place par les populations. Dès le marché de PK14, on constate que chaque habitant qui va dans la direction PK17 sort son foulard ou ajuste sa casquette avant de s’engouffrer dans l’épaisse poussière qui va suivre. Dans la même veine, ceux qui arrivent de PK17 et autres se nettoient et retirent leurs masques, comme une entrée dans la civilisation.

La difficile compagnie de la poussière

Les riverains rencontrés sur place font savoir à Télé’Asu qu’il est difficile de travailler dans de telles conditions, avec la poussière qui s’infiltre partout. Un avis que partagent les conducteurs de mototaxis qui exercent leurs activités sur le trajet. Charly Bisse, l’un d’entre eux, explique qu’en journée, ils essaient de protéger les yeux en utilisant des lunettes de soleil, ce qui les soulage un peu. Il fait savoir que la nuit tombée, il ne peut s’en servir et est obligé de laisser ses yeux à la merci de la poussière. « On a du mal à travailler », lance-t-il la mine serrée.

Un conducteur de mototaxi

 

Adèle, commerçante au quartier Pk18, visiblement à bout fait savoir qu’il faut tout nettoyer chaque jour matin et soir. Elle fait savoir que cette routine l’épuise et explique que ses marchandises, exposées toute la journée, finissent toujours couvertes de poussière. «nous sommes dépassées ; quand tu arrives le matin, il faut tout nettoyer, et le soir, c’est pareil », confie-t-elle avant de rajouter, «là où je suis, j’ai la toux et le rhume ; si je ne porte pas de cache-nez, je ne peux pas supporter ».

Un sentiment d’abandon

Dans cette situation, même les tâches ménagères deviennent compliquées. Ismaël, résidant au quartier Pk 16, partage un sentiment d’abandon. Il affirme qu’il est impossible de vivre dans un tel environnement. Selon lui, la situation est devenue insoutenable. « Vous voyez l’état de la route ? Vraiment, nous sommes déjà malades ; ça ne va pas ; je ne sais pas si cette poussière finira un jour ; nous souffrons dans notre propre pays ; ce n’est pas logique » s’indigne-t-il.

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Plus loin au quartier PK19, Jean-Marie Safedie décrit l’impact de la poussière sur son quotidien. «même la lessive, nous ne pouvons pas la faire facilement ; si on lave, il faut tout couvrir avec du plastique, sinon ce sera tout sale après ; c’est comme si nous vivions dans le brouillard », affirme le quinquagénaire.

Même les élèves doivent faire preuve d’ingéniosité pour échapper à la poussière. L’une d’entre elles décrit les efforts qu’elle déploie pour arriver propre à l’école. Sandra fait savoir qu’elle se protège avec un foulard ou un tissu, un cache-nez et des plastiques sur ses chaussures. « Ce n’est vraiment pas évident ; on sort propre et on rentre sale ; mais pour arriver à l’école en bon état, il faut se protéger au maximum », décrit cette élève qui traverse chaque jour cette zone poussiéreuse.

Des conséquences néfastes sur la santé

Les riverains rencontrés s’inquiètent pour leur santé. « Présentement, je suis grippé ; de lundi à dimanche, on vit avec cette poussière », témoigne Charly Bisse. Un autre conducteur de moto taxi, nous fait savoir qu’il survit grâce à des médicaments, espérant un jour pouvoir circuler sur une route praticable. Au quartier PK19, Jean-Marie Safedie décrit l’impact de la poussière sur son quotidien. « Avec la poussière ici, nous ne parvenons pas à respirer », confie-il.

Certaines aliments vendues sur cet axe

 

Il est à noter que les particules de poussière sont bien connues pour leur potentiel à provoquer des problèmes de santé respiratoire et cardiovasculaire. Elles peuvent également irriter les yeux, la gorge et la peau.

Travaux interminables sur 7 km

Sur le terrain, Télé’Asu a rencontré des ouvriers de l’entreprise Cabté, en charge des travaux sur cet axe. Ne souhaitant pas s’exprimer à notre micro, ils nous ont tout de même laissé entendre que les travaux ont repris et vont de bon train. En réalité les travaux sur ce tronçon traînent sans que l’on ne sache les vraies raisons.

Des vendeurs exposés à la poussière

 

Finalement lancés en octobre 2023 après six années d’attente, les travaux de reprofilage sur le linéaire PK14-PK15 avaient été arrêtés brusquement. Si les pluies avaient été avancées comme cause de cette interruption, le souci n’est toujours pas réglé. Plus tard, la Communauté urbaine de Douala a essayé de prendre le relai sur le tronçon PK14-PK17 avant d’être stoppée par le ministère des Travaux publics. Les travaux finalement lancés il y’a plus d’un an peinent à avancer alors même que le tronçon était supposé être livré en décembre 2023.

Lire aussi : Réseau routier : le patronat inquiet de l’état des routes nationales n° 3 et n° 5

« Désespérés, les populations riveraines de l’axe PK17- PK 21 avaient même déposé une plainte auprès du Procureur Général près le Tribunal Criminel aux fins d’ouverture d’une enquête préliminaire sur le marché public attribué il y a six (6) ans pour la réalisation des travaux d’aménagement de cet axe routier», annonçait alors Me Simon serge Kack Kack, porte-parole du mouvement.
En attendant, pour atténuer la poussière sur la route, un camion rempli d’eau arrose différentes portions de la route. Une action insignifiante pour les habitants de l’axe Pk14-Pk21 pour qui la poussière est devenue un véritable fléau, qui affecte à la fois leur santé et leur quotidien.

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