Emmanuel Wafo : « Quand j’ai commencé, je n’avais pas de capital, pas de projet, ni étude de marché »
L’industriel a donné des pistes de création de richesse aux étudiants en marketing de l’UCAC, mardi, 22 avril à l’occasion de la 24ème édition du DICODI.
Pour réussir dans l’entrepreneuriat, Emmanuel WAFO, Président Directeur général de MIT Chimie s’est affranchi de tous les codes. Celui qui rêvait de devenir enseignant se lance dans l’entrepreneuriat après ses études en France, car la vie n’était pas rose. « J’ai choisi l’entrepreneuriat parce que je me souviens après mes études à l’étranger, je suis rentré au Cameroun. C’était la période la plus difficile. En termes de pourvoyeur d’emplois, il y’avait très peu. Dans les années 1990 il y’a la crise économique qui a sévit au Cameroun».
A l’occasion de la 24ème édition du concept dénommé Dicodi (Diner- Commerce-Distribution), Emmanuel WAFO, manager était l’invité des étudiants en marketing communication et vente de la Faculté des Sciences sociales et de Gestion de l’Université catholique d’Afrique centrale, campus d’Ekounou ce mardi, 23 avril. Il a partagé son expérience en tant qu’entrepreneur avec les apprenants. Pour la circonstance, il a anglé son échange sur ” Comment démarrer et réussir un business ?”. Avant d’en évoquer les pistes, l’expert est revenu sur son parcours.
Le chef d’entreprise fait savoir qu’il a créé son entreprise à 30 ans sans capital « On vous apprend que pour se lancer dans l’entrepreneuriat, il faut avoir un projet, faire une étude de marché, avoir des capitaux. Quand j’ai commencé mon entreprise MIT Chimie, dans les années 1998, je n’avais pas de capital, pas de projet ni étude de marché, mais j’avais la volonté, le courage, la foi de survivre. Je me disais à cette époque, il faut que j’arrive à me nourrir, à fonder une famille, à couvrir mes charges. C’est toutes ces questions qui m’ont amené dans l’entrepreneuriat», raconte Emmanuel WAFO d’entrée de jeu. Rien ne laissait présager son futur de businessman à la tête d’une entreprise dont le chiffre d’affaire dépasse 10 milliards FCFA aujourd’hui.
Au commencement, le jeune homme créé une entreprise individuelle « Mon établissement à l’époque, était situé à BP cité, place Camrail à Bessengue. Je me suis lancé en me disant qu’est-ce que je sais un peu plus que les autres ? En quoi je peux avoir une valeur ajoutée que mon voisin qui a fait la même chose ? Ce que je connaissais un tout petit peu c’était la chimie. Je me suis dit je vais m’engouffrer là-dedans et je vais essayer. » livre-t-il aux étudiants.
Dans un environnement africain qui a besoin de ressources humaines, il se lance avec un ami dans un bureau d’environ 20m2 et exerce dans le négoce. «Nous avions des entreprises européennes en particulier françaises à l’époque avec lesquelles, j’ai réussi à signer un contrat pour les représenter au Cameroun et j’allais dans les entreprises qui faisaient dans les métiers de la chimie et du plastique, pour leur proposer des produits qu’ils vendaient et la matière première de ces produits. En retour, nous avions des commissions».
Ses semaines sont rythmées par les rendez-vous, les livraisons et autres. En même temps qu’il faisait de la représentation, Emmanuel WAFO est passé à une autre étape: celle de la distribution, trois années plus tard. « Distribuer localement, nous avons commencé à vendre un certain nombre de produits, importer, stocker et puis revendre à des entreprises locales. Nous avons commencé non pas par les produits les plus intéressants, mais par ceux qui étaient moins demandés en capitaux. Le premier conteneur que nous avions importé sur les matières chimiques en termes d’investissement nous avait valu 2 millions FCFA. Sans compter les frais de dédouanement qui s’élevaient à environ 700 mille FCFA… La moitié de cet argent était emprunté. Nous avons écoulé nos produits», confie le chef d’entreprise.
Au fil du temps, il a dédouané un second, puis un troisième conteneur ainsi de suite en élargissant la gamme de produits. Le 1er conteneur contenait de l’acide sulfurique, à l’époque utilisé pour faire des batteries de voiture, ensuite c’était de l’acide acétique pour la fabrication des vinaigres, «Nous avons continué avec des produits pour nettoyer le pressing. Nous avons fait des matières plastiques. Nous avons développé la gamme au fur et à mesure. Le nombre de collaborateurs a augmenté progressivement». Le président de la Commission économique et développement des entreprises au Gicam, emploie à ce jour 150 personnes « Le premier critère que je recherche chez mes collaborateurs c’est le savoir-être. Une qualité qui nous manque aujourd’hui avant de m’intéresser à ses compétences techniques. Il faut avoir des valeurs». En outre, il recommande la discipline. Selon lui, c’est quelque chose d’important. «Quand on s’engage on doit être sérieux», conseille-t-il.
Emmanuel WAFO a fortement recommandé aux étudiants de se former continuellement. Il fait d’ailleurs savoir que plus l’entreprise grandissait et plus il ressentait le besoin de se former. C’est ainsi qu’il s’inscrit et obtient un Executive MBA en affaire, Gestion, marketing et services de soutien apparentés de TBS Éducation de Toulouse en France. Il obtient son diplôme à l’âge de 42 ans. «Plus on monte en compétence, plus on a besoin de se former. Ici à l’école on va vous apprendre des choses, mais la vie va vous en apprendre bien d’autres». Conclut-il sous fond d’applaudissements.
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