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Militantisme : transmission féministe à Douala

Entre récits d’engagement et stratégies militantes, l’atelier intergénérationnel du réseau des Jeunes féministes d’Afrique Centrale pour le dialogue intergénérationnel entre pionnières et jeunes militantes convoque la mémoire pour penser l’avenir du 15 au 17 avril 2025.

Ce mardi 15 avril 2025, l’atmosphère est chargée de récits, d’engagements et d’émotions à l’ouverture de l’atelier pour le dialogue intergénérationnel entre pionnières et jeunes militantes féministes. Organisé par le Réseau des Jeunes Féministes d’Afrique Centrale (REJEFEMAC), l’événement ambitionne de bâtir un mouvement féministe plus structuré, mieux outillé, interconnecté et résolument intergénérationnel.

Militantisme : transmission féministe à Douala

Faire converger les luttes

Créé par les associations Elles Rayonnent Ensemble, Wake Up Ladies et Sourire de Femmes, le REJEFEMAC fédère aujourd’hui 15 organisations dirigées par des jeunes femmes issues de six pays d’Afrique centrale, à savoir le Cameroun, le Tchad, la Centrafrique, le Congo-Brazzaville, le Gabon et la RDC. « L’objectif de ce dialogue, c’est de faire converger les luttes », explique Caroline Mveng, présidente du réseau.

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Prévu sur trois jours, l’atelier se déroule du 15 au 17 avril 2025. Au programme, des panels, des discussions, des partages d’expériences et des activités de bien-être. Six grandes thématiques rythment ces journées, allant de l’histoire des luttes féministes au Cameroun à l’engagement politique des femmes. Il sera aussi question en passant des défis du militantisme 2.0 ou encore le rapport entre féminisme et tradition, ainsi que les politiques publiques.

 « La question du féminicide, des violences faites aux femmes, de l’autonomisation ; elles existaient déjà il y a 30 ans ; ce sont les mêmes combats que nous menons aujourd’hui ». Caroline Mveng

Face aux pionnières ayant démarré leur combat dans les années 80, les jeunes militantes reconnaissent une continuité, mais aussi une mémoire trop souvent oubliée. « La question du féminicide, des violences faites aux femmes, de l’autonomisation ; elles existaient déjà il y a 30 ans ; ce sont les mêmes combats que nous menons aujourd’hui », fait savoir Caroline Mveng avant de rajouter que le premier panel, consacré à l’histoire du féminisme au Cameroun, donne le ton afin de raconter pour mieux comprendre, d’écouter pour mieux avancer.

Un féminisme sous-régional, mais encore marginalisé

Malgré un foisonnement d’organisations féminines (plus de 11 000 recensées au Cameroun selon la GIZ), beaucoup peinent à faire entendre leur voix au sein des politiques publiques. C’est à ce manque de structuration que répond le projet d’amélioration de la gouvernance et de renforcement des capacités des organisations dirigées par des jeunes féministes au Cameroun, porteur de l’atelier. Il vise à renforcer leurs compétences techniques, organisationnelles et financières.

Pour Jean-Charles Ledot, consul général de France, le soutien de son pays à REJEFEMAC s’inscrit dans le cadre de la diplomatie féministe française. « Cette association est représentative d’un féminisme concret, de terrain ; le but est de renforcer leurs capacités pour des résultats visibles, ici et dans toute la sous-région », indique-t-il.

Militantisme : transmission féministe à Douala

Témoignages vibrants

Si l’événement mise sur la structuration et la professionnalisation des actrices du changement, l’émotion, elle, reste bien présente. « Ces jeunes femmes ont compris qu’il faut se tourner vers les aînées ; mais il faut aussi les soutenir, car les violences physiques et morales ne cessent de traumatiser ; il est temps de faire entendre les voix des femmes », déclare la reine Clarisse Bell du canton, militante depuis plus d’une décennie pour les droits des femmes et des enfants, qui salue la démarche.

Lire aussi : Wiki Loves Folklore 2025 : le Cameroun donne vie à ses traditions sur Wikipédia

La marraine de cette première édition, Sike Bille, militante de longue date pour les droits des femmes, a exprimé sa surprise mêlée à une profonde reconnaissance. « Je ne m’attendais pas à être mise en lumière comme ça ; ça me touche profondément, parce que ça fait plus de 40 ans que je milite ; et là je réalise que ces jeunes femmes me voient, qu’elles reconnaissent ce que j’ai fait ; ce n’est pas seulement mon travail dans les associations qu’elles valorisent, mais moi, en tant que femme engagée ».

À travers cette initiative, les militantes espèrent poser les bases d’un féminisme plus solidaire, plus lucide, plus ancré dans les réalités locales. L’atelier se poursuit jusqu’au 17 avril.