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8 mars: le pagne passe de 6.800 Fcfa à 10.000 Fcfa

Dans les marchés, les femmes ne se bousculent pas pour acheter ce pagne qui a connu une hausse de 3200Fcfa par rapport aux années précédentes.

Par Armel Mouanjo (stagiaire)

Il est déjà 11h, et toujours pas de client à l’horizon. Dans le magasin Laking textile situé à Akwa, au cœur de la capitale économique camerounaise, l’atmosphère est timide. À l’entrée, une dame, la cinquantaine sonnée, est assise sur une chaise. A l’arrière du comptoir, empilés les uns sur les autres, des lots de pagnes aux couleurs des précédentes éditions de la journée internationale de la femme sont en solde. Mais, aucun acheteur ne s’y intéresse. A côté de ces pagnes, d’autres tissus, plus beaux les uns que les autres attendent preneurs. Debout derrière le comptoir, une dame attend impatiemment les acheteurs qui ne viennent visiblement pas. Difficile de dire si à cette heure de la matinée (11h) de ce mercredi, 1er février 2023, quelques achats ont déjà été effectués par des commerçantes. Car ici, c’est motus et bouche cousue.

Même ambiance chez les revendeuses de ces pagnes au marché central, tout comme chez celles qui vendent les kaba déjà cousus. Les clients ne se bousculent pas comme c’est d’habitude le cas lorsque le pagne à l’effigie de la journée internationale de la femme est mis sur le marché chaque au coirs des premiers jours. « Vous-même pouvez le constater. Il n’y a pas de clients. Les femmes ne se bousculent pas. Pourtant, dès que le pagne sort, c’est la bousculade parce que les femmes veulent s’offrir le premier choix, le pagne de meilleure qualité», argue Anne, vendeuse de pagne. Et elle n’est pas la seule déçue. Non loin de là, Fernand vêtu d’un tee-shirt blanc, assis sur un tabouret, la casquette légèrement penchée vers l’avant, exprime sa désolation devant la cinquantaine de kaba qu’il peine à vendre. « Il n’y a pas de clients. Depuis janvier que j’ai acheté les pagnes, je n’ai pas encore vendu un seul. Ce n’est pas comme les années précédentes où il y avait deux pagnes de différentes couleurs. Cette année, on nous a imposé un seul pagne, une seule couleur. Ce pagne de couleur jaune est le seul disponible sur le marché », se plaint-il.

Le pagne a été officiellement présenté à la CRTV depuis janvier. (c) CRTV web

Outre ce pagne unique, les vendeurs expliquent ces méventes par le coût jugé excessif qui est vendu par la Cicam à 10 000Fcfa. «Je ne sais plus à combien je vais vendre. Quand tu donnes le prix aux clients ils fuient. Je suis dépassée. Tu achètes le pagne à plus de 11000FCFA voire 15000FCFA pour ne même pas pouvoir le vendre, ni même récupérer l’argent que tu as dépensé pour l’acheter. Passer de 6800Fcfa à 10 000Fcfa, la hausse est trop grande», s’offusque une revendeuse, qui ne quitte pas du regard sa boutique remplie de kaba aux couleurs du 8 mars.

Pour accroître leur chance de vendre, de nombreux vendeurs ont réduit leur marge bénéficiaire. « Chez moi je vends le pagne à 10500fs mais le kaba c’est 5500fs Je vends comme ça pour avoir au moins  700frs de bénéfice », explique Djeuga, un commerçant. Une stratégie adoptée par plusieurs marchands. Cependant, c’est en détaillant ces pagnes qu’ils s’en sortent mieux. « Ceux qui n’ont pas de revenu et qui veulent absolument s’offrir le pagne achètent en mètre. Et dans ce cas, je vends le mètre à 4000Fcfa. Et c’est ainsi que je m’en sors un peu, parce que cela me permet de rentrer dans les frais. Mais, ces gens sont rares. Et à l’allure où vont les choses, on s’achemine vers un marché mort du pagne du 8 mars cette année. A 10 000Fcfa, le pagne n’est plus à la portée de tous », note Fernand, vendeur de pagnes. Les clientes quant à elles déplorent la cherté de ce pagne. Ce qui rend son achat difficile au regard de la cherté du niveau de vie.