Vanessa Tchatchou : « Je veux défendre ceux qui subissent l’injustice »
L’avocate stagiaire partage sa satisfaction d’avoir accompli le rêve qu’elle nourrissait depuis l’enfance et réaffirme que les autorités savent qui détient son enfant.
Le 13 septembre 2024, Me Vanessa Tchatchou a prêté serment en tant qu’avocate stagiaire au barreau du Cameroun. Un accomplissement personnel et professionnel d’autant plus marquant qu’elle est devenue célèbre après le vol de sa fille à sa naissance en 2011. Une perte qui continue de marquer son existence, malgré le temps écoulé.
Vanessa Tchatchou, l’invitée de la semaine sur Canal 2 International face à Lile Piedjou ce samedi 22 septembre 2024, exprime sa joie d’avoir réalisé son rêve d’enfance. Elle fait savoir que depuis son plus jeune âge, elle voulait devenir avocate. Entourée de plus de 600 autres stagiaires, elle a finalement vu ce rêve se concrétiser. Pour elle, cet accomplissement est un signe de la protection divine. « Je suis une privilégiée de Dieu ; après tout ce que j’ai traversé, je suis encore debout grâce à sa bienveillance », confie-t-elle. Son entrée dans la profession est d’abord une mission personnelle, celle de défendre ceux qui subissent l’injustice.
Un drame qui la poursuit
En 2011, à l’âge de 17 ans, Vanessa Tchatchou a vécu un événement tragique. À l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé, sa fille a été enlevée juste après sa naissance. Treize ans après, rien n’a évolué et personne n’a oublié. « Les années passent, et je continue de compter ; je ne pensais pas que cela durerait si longtemps ; ce qui est incompréhensible, c’est que les autorités savent qui détient mon enfant, mais pourquoi l’État camerounais ne m’aide-t-il pas à la retrouver ? », déclare-t-elle. Une douleur qui l’amène constamment à s’interroger sur les mobiles de cet enlèvement, mais l’encourage aussi à ne pas baisser les bras.
Le combat de Vanessa Tchatchou a dépassé sa sphère personnelle. Dès que son histoire est devenue publique, des milliers de Camerounais se sont mobilisés pour la soutenir. Cette solidarité lui donne la force de continuer. « Je puise ma force dans le peuple camerounais », déclare-t-elle avec émotion. Elle se souvient de ceux qui ont marché, protesté et parfois même été arrêtés en son nom. Ce soutien lui rappelle que son combat est juste et qu’elle ne peut pas abandonner. Elle fait savoir qu’aujourd’hui, elle se bat non seulement pour elle-même, mais pour toutes les personnes qui ont pris sa cause à cœur.
L’espoir de retrouver sa fille
Malgré les épreuves, l’avocate garde l’espoir de retrouver un jour sa fille. Elle n’entretient ni haine ni désir de vengeance. « Je ne deviens pas avocate pour me venger, mais pour comprendre et faire triompher la justice », affirme-t-elle. Selon elle, son entrée dans cette profession va lui donner les moyens de faire valoir ses droits, même si elle sait que la route sera semée d’embûches. « Ce ne sera pas suffisant, car j’ai face à moi une machine puissante », admet-elle, consciente des difficultés. Pourtant, sa foi en Dieu reste inébranlable. « C’est Dieu qui mène cette affaire ; je crois en lui et je sais qu’un jour, il me rendra mon enfant », rajoute-elle.
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S’adressant directement à sa fille, Vanessa Tchatchou n’hésite pas à exprimer son amour pour cet enfant qu’elle a porté dans ses entrailles pendant neuf mois. « Ma fille, c’est ta mère biologique qui te parle ; je peux imaginer la force et le courage qui t’animent ; sors de ce trou où on t’a enfermée ; le jour où tu connaîtras la vérité, pardonne-leur tous ; le pardon nous libère ; je t’aime de tout mon cœur », déclare-t-elle les yeux remplis de larmes.
Un appel à la Première Dame
Dans un dernier appel, Me Vanessa Tchatchou s’adresse à Chantal Biya, la Première Dame du Cameroun. « Je ne peux terminer sans interpeller la Première Dame ; elle a elle-même des enfants ; j’aimerais qu’elle comprenne le fardeau que je porte depuis 13 ans », plaide-t-elle.
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Malgré la douleur et les années écoulées, Vanessa Tchatchou continue de se battre pour elle-même, mais aussi pour toutes les familles victimes d’injustice. « Si j’abandonne, je trahis tous ceux qui m’ont soutenue ; quand on a le peuple avec soi, on a Dieu », dit-elle.
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