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J’ai pris le train express…

Déjà cliente régulière de Intercity, il était évident pour moi que j’allais tester le train express. Voici mon retour d’expérience sur un service à améliorer sur plusieurs points…

Par Annie Payep-Nlepe 

Ce jeudi 8 juillet il est exactement 6h quand le train siffle pour quitter la gare de Bessengue à Douala. Jusqu’ici tout se passe plus ou moins bien.

Le premier point positif reste pour ma part le confort relatif qu’on a à bord des véhicules. Les chaises ne sont pas aussi serrées que dans les bus. Les enfants et moi par exemple sommes assis sur le bloc dit de 4. Un bon emplacement. Il est donc plus facile et plus confortable de les surveiller. D’échanger avec eux. Une aisance que n’offre pas le bus.

Un aperçu des places “bloc de 4”. Idéal en famille.

Le moins c’est qu’il est aisé de constater que certaines voitures ont été rafistolées. Une petite balade inspection permet de remarquer que de grosses couches de peinture ont été appliquées ça et là. Pas très rassurant mais de cela certains confrères en ont déjà parlé. Photos à l’appui.

Petit déjeuner payant !

7h. Voici donc venue l’heure du petit déjeuner. Les hôtesses passent de voiture en voiture. Les enfants et moi on est plutôt content. Il y’a de quoi. Pour voyager à 6h, il faut se lever tôt. 4h30 pour nous. A 5h35 on était à la gare. Mais grande est ma surprise de constater que tout est payant. En plus l’hôtesse ne le dis pas en haute et intelligible voix. Le bruit des voitures sur les rails n’aidant pas.

Ce n’est donc qu’après qu’on me signale que ma facture s’élève à 2000 FCFA pour une tasse de chocolat au lait, un croissant et un paquet de biscuit. Je précise à l’hôtesse qu’elle n’a pas signalé que c’était payant. Elle jure que si. Heureusement une autre passagère est dans le même cas « Vous n‘avez pas signalé ». « Si » répète-t-elle. Finalement je lui conseille de parler plus fort et de s’assurer que le passager a bien compris. Sinon bonjour les problèmes. Je paie donc ma facture mais j’ai du mal à comprendre.

Comment ça payant ? Le ticket coûte quand même 10000 FCFA et on est en première classe pardi ! Quelle idée de fixer l’heure du départ d’un train à 6h et ne même pas donner de quoi arrêter l’estomac. Sachant que vous serez à Yaoundé presqu’à l’heure du déjeuner! Intercity offrait pourtant bien de quoi grignoter à un prix de ticket moins élevé. Qu’est ce qui n’a pas marché?

Point très négatif pour moi. En comparaison les bus dit VIP offrent à manger à bord pour les prix similaires et même moins élevés. Et c’est la moindre des choses.

Ponctualité au top !

Le voyage se poursuit donc et les cinq arrêts sont respectés. Belle surprise ils ne durent que 2 minutes. Le temps qu’un passager monte ou qu’un autre descende.

10h30 on est à Yaoundé. C’est un très bon point la ponctualité.

Une autre belle surprise reste les secousses qui ont été réduites. Sur ce plan Intercity était une vraie catastrophe. Tu en ressortais l’estomac secoué. D’ailleurs une collègue antillaise m’avait lancé à l’issu d’un voyage entre Douala et Yaoundé « Plus jamais » !

Le voyage retour, un parcours de combattant

Comme vous le constatez donc tout s’est globalement bien passé à l’aller! Le retour fut une autre affaire. Le voyage prévu pour 14h45 aura finalement lieu à 21h05. Les enfants et moi on est arrivé à la gare de Douala à 2h30 ! Quelle galère ! Soyons d’accord, les incidents cela peut arriver. C’est surtout leur gestion qui est importante. Ce sont souvent les meilleurs moments pour tester les protocoles mis sur pied ! En bien Camrail n’avait pas l’air d’en avoir.

Insuffisante de communication et de prise en charge

Ce dimanche 11 juillet 2021, les enfants et moi arrivons à la gare vers 12h30. C’est à ce moment-là que j’entends l‘hôtesse signaler que le train express de 14H30 aura un retard. Rien de plus. « Retard de combien de temps ? » je demande à une hôtesse. « Je ne sais pas » me répond-elle.

Je décide d’aller distraire les enfants et revenir. A 14h on est de retour. Le même message est répété inlassablement. Aucune information supplémentaire. Notamment sur les raisons du retard et l’heure prévue de départ. Je reçois donc un sms de Camrail. Il est tout aussi imprécis que le message que l’hôtesse repère inlassablement dans les hauts parleurs de la gare.

« Suite à l’arrivée tardive du TE 185, le TE 186 partira ne partira pas de Yaoundé à 14h30. il accusera un retard. Nous nous excusons du désagrément ».

SMS Camrail reçu à 14h

Pendant ce temps personne pour vous proposer ne serait-ce que de l’eau. RIEN! On patiente dans le flou. Sur les réseaux sociaux on parle d’un déraillement du train marchandise dont la conséquence directe a été de bloquer le train express à Eseka. A 18h30 Camrail dans un communiqué publié sur sa page Facebook parle d’ « incident technique sur le train marchandise» sans en dire plus. On apprend par ailleurs que le train partira finalement à 20h30. Pour avoir cette information il faut être connecté parce qu’à la gare c’est le silence radio.

Communiqué Camrail sur Facebook

Prenez le bus si le pouvez mais pas de remboursement prévu!

Vers 15h, une hôtesse nous signale que ceux qui veulent prendre le bus peuvent le faire. Logiquement on s’attend donc à être remboursé. Que NON ! Elle fait savoir que le ticket donne accès au train pendant 30 jours. En d’autres termes, gardez le ticket vous allez l’utilisez à nouveau. Mais allez-vous acheter un billet pour le bus si vous pouvez ! Pour mon cas on parle quand même de 25000 FCFA ! Deux tickets enfants et un ticket adulte.

Après moult tractations, j’obtiens finalement de la direction l’accord pour un remboursement. Je constate aussi que ceux des passagers qui veulent être remboursés rentrent effectivement en possession de leur argent. Tant mieux parce que le ton commençait à monter. Avec raison.

Sauf que pour mon cas, il est déjà presque 17h et avec les enfants, prendre la route à cette heure-là va être compliqué. Je ne peux partir que le lendemain mais j’ai un rendez-vous que je ne dois pas rater.

C’est alors que je fais une proposition à la dame au guichet 8. Je rentre mais quand le train est près de Yaoundé elle m’appelle. C’est ok. Vers 19h, le train est effectivement en train d’entrer en gare. Je décide donc de revenir et d’effectuer le voyage. Je vous laisse deviner les dépenses liées au transport pour aller et revenir autant de fois.

Une gestion de l’incident proche de zéro

C’est à 19h que je reçois le 2e message de Camrail de la journée. L’entreprise s’excuse et promet une réduction de 25% sur le prochain voyage.

Le train s’ébranle finalement vers 21h00. Une fois à bord on nous sert à chacun une bouteille d’eau. Et c’est tout. Entre 14h30 et 21h on a droit à une bouteille d’eau. Le repas est payant. Pour moi c’est une vraie insulte et une occasion manquée de se faire vraiment pardonner.

Une vue du restaurant à bord du train express

Camrail aurait pu profiter de la présence à bord d’un restaurent pour offrir un plat à tous les passagers qui ont patienté de 14h30 à 21h05. Pour un trajet inauguré 10 jours avant et en grandes pompes  c’était la minimum à faire. Nous arrivons finalement à 2h30.

Une fois à la gare il aura encore fallu près de 20 minutes pour faire monter les bagages de quelques 4 passagers. De quoi irriter plus d’un et finir par faire monter le ton. Plus loin alors que nous sortons de la gare on aperçoit des passagers qui marchent à pied pour rejoindre la grande route. Là encore, vu l‘heure, il aurait été plus judicieux de mettre en place une navette pour s’assurer au moins qu’on sorte de la gare en toute sécurité. Une zone dont la réputation en termes d’insécurité est établie depuis des années.

Pour conclure, on  note des côtés positifs comme la sécurité des rails, la ponctualité  et même le gain de temps comparé aux voyages par route en bus en ce moment. Pas de souci d’embouteillage et on arrive directement au centre-ville de Yaoundé.

Les points négatifs restent cependant assez nombreux.

– Prix élevés des tickets de transport. Sur ce point Camrail signale que dans le contrat de concession qui le lie à l’Etat du Cameroun, la partie transport des passagers incombe à l’Etat. C’est donc notre gouvernement qui fixe les prix du transport. Notre source de rappeler que « le directeur général adjoint de Camrail en charge des trains voyageurs est nommé par le gouvernement ».

– Pas de petit déjeuner à bord

– Mauvaise gestion des incidents

– Les toilettes ne sentent pas la rose. Mes filles ont passé le temps à me rappeler que ça ne sent pas bon. Un problème qu’on n’a pas ressenti au retour.

– Un seul voyage par jour c’est trop peu. Il faut revenir à la formule de intercity avec deux départs quotidiens. Là encore notre source en interne parle « d’insuffisance de voitures ». « Après avoir mis de côté toutes les 40 voitures chinoises (dont il a été prouvé qu’il y’avait un souci de freinage lors de l’enquête liée au drame d’Eseka), l’Etat ne les a pas encore toutes remplacé. Impossible dont à l’était actuel de desservir les deux villes deux fois par jour fait savoir Camrail.

–  L’état des voitures n’est pas très rassurant, J’ai signalé plus haut le rafistolage qui est visible. Notre source ne nie pas ce fait et explique que “les anciennes voitures ont été réhabilitées pour renforcer les 4 acquises par le gouvernement l’an dernier”. Soit on attendait encore avant de lancer la ligne, soit on lançait en espérant que d’autres voitures arrivent. Le choix a été fait de fonctionner avec ce qui est disponible en attendant.

Si je reprendrai le train express ? Peut-être. C’est le moyen de transport que je préfère de loin vu la réputation peu glorieuse de « l’axe lourd ». Pour moi, le train reste un excellent moyen de rallier les deux capitales. Plus encore si vous voyagez avec des enfants. Mais j’y réfléchirai sûrement à deux fois surtout que l’on annonce déjà plusieurs pannes et retards depuis le lancement du 1er juillet 2021. Les améliorations sont nécessaires si l’on veut miser sur la durée et surtout voir revenir les adeptes de Intercity. Le prix est trop élevé pour un service à bord presque inexistant. En plus, un service ne teste sa qualité que dans la gestion des cas d’incident. Pour le cas d’espèce elle était proche de zéro.