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Huit morts à l’Extrême-Nord : ce qui s’est passé à Tokombéré

Les populations accusent le maire d’avoir arraché leurs champs et de s’accaparer des projets de développement au profit de son seul village. La session du budget s’est transformée en affrontements sanglants.

Par Célestin TABOULI Succès depuis l’Extrême Nord

Des affrontements mortels ont été enregistrés entre les forces de maintien de l’ordre et les populations à Tokombéré dans le département du Mayo-Sava. C’était en fin de matinée d’hier mardi 19 décembre 2023. Selon plusieurs sources, les forces de maintien de l’ordre ont ouvert le feu sur des émeutiers causant la mort de huit personnes et une quarantaine de blessés, dont d’autres dans un état délicat. Dans les détails, on parle de cinq personnes mortes sur le théâtre des affrontements et les trois autres ont succombé à leurs blessures à l’hôpital. On dénombre parmi les victimes des élèves du secondaire. Outre le bilan humain, on déplore d’importants dégâts matériels. On note entre autres la brigade de gendarmerie complètement saccagée, les véhicules de service du sous-préfet et celui du commandant de brigade détruits. N’eut été le renfort venu de Maroua et de Mora, le pire se serait produit. Pour l’heure, c’est un calme précaire qui plane sur la ville de Tokombéré au lendemain des émeutes. La vingtaine des personnes impliquées et interpelées sont en train d’être auditionnées et les blessées sous soins intensif à l’hôpital catholique de Tokombéré.

Le vote du budget a mal tourné

Selon les témoignages recueillis hier dans l’après-midi, tout a commencé à la commune de Tokombéré où se tenaient les travaux en commission en prélude au conseil municipal consacré au vote du budget de l’exercice 2024, prévu ce mercredi 20 décembre 2023. Lesdits travaux se tenaient sous hautes sécurité des éléments de la Gendarmerie de Tokombéré parce qu’une rumeur circulait déjà la veille sur un possible boycott de la session. C’est pendant que ces travaux se tenaient dans la salle des réunions de la commune aux encablures de 10h, que les gendarmes qui assurent la sécurité ont été surpris par un groupe des manifestants équipés d’armes armes blanches et qui cherchaient à assiéger la commune. Les éléments de la gendarmerie débordés, ont eu beaucoup de difficultés à contenir et à repousser ces  manifestants hors de la commune. Pendant ce temps, un autre groupe des manifestants avait déjà pris ses quartiers dans les rues. C’est dans ce cafouillage que la situation a dégénéré. Selon un fonctionnaire en service à Tokombéré qui a requis l’anonymat, « C’est depuis la veille que les populations qui s’opposent au maire se sont passées le mot pour empêcher la tenue de la session. Et très tôt le matin du mardi vers 4h, ils ont commencé à se mobiliser pour ensuite converger vers la commune dans le but d’empêcher les travaux de la session. »

Les manifestations se sont poursuivies dans toute la ville. Arrivés au niveau de la Brigade de gendarmerie, malgré les tirs de sommations des gendarmes, les manifestants déterminés se sont introduits à l’intérieur de la gendarmerie pour tout saccager. Les gendarmes ont alors tiré à balles réelles. C’est ainsi que la situation s’est envenimée dans toute la ville de Tokombéré. Nos tentatives pour avoir le Sous-Préfet de l’arrondissement de Tokombéré n’ont pas prospéré. Mais à certains confrères, Jean Jaurès MEDJO, aurait par prudence parlé des morts sans toutefois donner le bilan exact. Il aurait aussi parlé de l’origine de ces manifestations qui puisent leur source dans les accusations portées par la population sur le chef de l’exécutif communal de Tokombéré, Boukar TIKERE, accusé d’arracher des champs et d’orienter les projets d’investissements dans son village Makalingaï où il est chef de 2e degré.

En effet il faut dire que c’est une situation qui dure depuis plusieurs mois. La population dans sa majorité ne veulent plus de l’actuel Maire qui est par ailleurs le beau-frère du Président de l’assemblée Nationale, CAVAYE YEGUIE Djibril. Boukar TIKERE est sur le banc des accusés. Il lui est reproché non seulement d’arracher les terres de ses administrés mais surtout d’orienter tous les grands projets dans son village à Makilingaï au détriment des autres villages. A plusieurs reprises les populations ont manifesté réclamant la démission du premier magistrat municipal de Tokombéré. Les premières émeutes ont débuté depuis le mois d’avril de l’année en cours. Visiblement rien n’empêche leur détermination à avoir à tout prix et à tous les prix la tête du maire.

 

Par Célestin TABOULI Succès