Glissements de terrain à Dschang : les géologues recommandent de bloquer l’accès au site
Des enseignants-chercheurs de l’Université de Dschang, descendus sur les lieux du drame n’excluent pas le risque d’un troisième éboulement. Ils proposent des axes de compréhension du phénomène et formulent des recommandations pour éviter d’autres tragédies.
Après les deux éboulements survenus à la falaise de Dschang, mardi 5 novembre 2024, qui ont plongé la région dans l’inquiétude, des enseignants-chercheurs de l’Université de Dschang se sont rendus sur le terrain pour analyser les causes de cet incident. Ils ont fourni des analyses du phénomène et formulé des recommandations pour éviter d’autres tragédies.
Le Pr Armand Kagou, l’un des chercheurs en géologie de l’université, explique que « le site est constitué de massifs basaltiques reposant sur des roches métamorphiques de la chaîne panafricaine ». Selon lui, l’éboulement s’est produit dans le manteau d’altération de ces roches, un manteau constitué de produits instables, particulièrement sensibles à l’eau et aux fortes pentes. « La nature cherche à retrouver son équilibre naturel », précise-t-il, avertissant que la tentative de rétablir la circulation trop rapidement pourrait avoir aggravé la situation. « Il n’est pas exclu que le rétablissement de la circulation après le premier éboulement à 10h30 a facilité le deuxième éboulement plus important », ajoute-t-il.
L’un des indices inquiétants observés sur le site, selon lui, est l’apparition de nouvelles sources d’eau jaillissantes au pied de la falaise, ce qui montre l’instabilité persistante de la zone. Le géologue recommande de « bloquer l’accès au site pour permettre des études géotechniques approfondies », afin d’évaluer la stabilité du sol et de déterminer les zones à risque. Pour lui, il est impératif d’entreprendre un travail d’étude à grande échelle, non seulement sur le site actuel, mais aussi le long de toute la falaise de Santchou.
Un troisième éboulement toujours possible
Les géologues de l’université confirment qu’il y a un risque élevé de survenue d’un troisième éboulement. « Les mouvements de terrain ont eu lieu en deux phases, à 10h50 et 14h30 ; en raison de l’instabilité du relief, un autre écroulement pourrait survenir », avertissent-ils dans une note publiée sur le site de l’université. Face à ce danger, ils insistent sur l’urgence de « renforcer le périmètre de sécurité et d’éloigner les populations » pour prévenir toute nouvelle tragédie. Les géographes, quant à eux, soulignent la nécessité d’une approche à long terme pour protéger la région. « Il est crucial de mettre en place un plan de gestion durable pour cette zone fragile », expliquent-ils. Ce plan doit viser à réduire la vulnérabilité face à d’autres phénomènes similaires à l’avenir, en prenant en compte les spécificités géographiques et environnementales de la région.
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Les recommandations des enseignants-chercheurs de l’Université de Dschang se révèlent cruciales pour garantir la sécurité des populations locales. L’interdiction temporaire de circulation, l’élargissement du périmètre de sécurité et la surveillance renforcée de la falaise font partie des mesures préventives données par ceux-ci. Ces initiatives visent à protéger les vies humaines et à stabiliser la région, selon les chercheurs. Grâce à l’intervention et aux recommandations de ses experts de l’Université de Dschang, les autorités disposent désormais de moyens concrets pour limiter les risques. « Nos observations et recommandations visent à sensibiliser les populations et à renforcer les mesures de sécurité face aux aléas de la nature », écrivent les chercheurs.
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