Gare de New Bell : les commerçants contraints de vendre sur les ordures

Dans ce marché situé en plein cœur de la ville de Douala, l’insalubrité est devenue une norme inquiétante.

Les étals des commerçants, où s’alignent des vivres destinés à la consommation, cohabitent avec des tas d’ordures ménagères. Ce marché situé dans l’arrondissement de Douala 2e est aujourd’hui un espace où la saleté met en péril la santé de tous. Les ordures, souvent éparpillées sur la voie publique, forcent les commerçants à disposer leurs marchandises à proximité immédiate de déchets en décomposition. L’état des lieux est un risque sanitaire majeur, tant pour les vendeurs que pour les acheteurs. Les produits, qui devraient être conservés dans des conditions hygiéniques, sont exposés à des bactéries et autres agents pathogènes présents dans ces déchets.

Un système de ramassage inefficace

Nadège NGONO, une commerçante interrogée sur cette situation, ne cache pas son désarroi. « Nous n’avons pas le choix, car dès que l’entreprise chargée du ramassage des ordures passe la nuit, le lendemain, c’est déjà plein ; c’est ici qu’on déverse toutes les ordures du marché », explique-t-elle avant de renchérir : « nous avons parlé à la communauté urbaine qu’il essaye d’enlever les déchets tous les deux jours, mais cela n’apporte aucun réel changement ».

Le marché de la gare

Adèle AWOUDI, une consommatrice, avoue être consciente du risque qu’elle prend en achetant les produits vendus dans ces conditions. « Je sais que l’absence de mesures adéquates de gestion des déchets dans ce marché est un danger pour ma santé, mais que faire ? Il faut que Hysacam vienne faire son travail, c’est trop ; les vendeurs, eux, vont aller où si ce n’est rester et vendre dans cette condition ? », confie -t-elle.

Une situation intenable pour les commerçants

Les vendeurs, bien conscients du danger, se trouvent dans une impasse. Les conditions de vie et de travail dans ce marché continuent de s’empirer au fil des jours. Pourtant, ils ont tenté à maintes reprises d’attirer l’attention des autorités, mais jusqu’ici rien n’est fait. Leurs appels restent sans réponse. « Nous savons que c’est dangereux, mais nous devons bien vendre pour vivre. Où allons-nous aller si nous partons d’ici ?», s’interroge Junior NSEME, un autre vendeur.

Lire aussi : Désordre urbain à Douala: L’équation de la « Douche » Akwa

Les clients, eux aussi, sont de plus en plus inquiets. Fatima TCHOFFO, qui visite très souvent le marché, partage sa préoccupation. « C’est très inquiétant de voir ces ordures partout. On ne sait même pas si les aliments qu’on achète sont vraiment sûrs. Pourtant, malgré ces dangers évidents, les prix de ces denrées sont alignés sur ceux des marchés où l’hygiène est mieux respectée », dit-elle sous un ton colérique. Elle rajoute également que « face à cette situation, il est impératif que les autorités locales interviennent pour rétablir des conditions d’hygiène décentes dans ce marché ».