Extrême-Nord : la difficile équation des éléphants qui défient les communautés humaines
Les pachydermes détruisent chaque année des centaines d’hectares des cultures laissant la population dans la désolation. Comment en venir à bout de ces conflits homme-faune qui sont une réalité dans cette partie du pays ?
Par Célestin TABOULI Succès
Dans l’Extrême-Nord du Cameroun, les habitants de Kalfou, une localité du département du Mayo-Danay, ont fait parler d’eux il y’a quelques semaines pour s’être mobilisés pour exprimer leur colère face aux attaques répétées d’éléphants. Ce mouvement de protestation, marqué par le blocage de la route nationale n°12 au lieu-dit Bénoué, traduisait ainsi une exaspération croissante des populations. Ces dernières déploraient le mutisme des autorités locales face à une menace qui a déjà coûté la vie à un habitant et entraîné des pertes matérielles considérables.
Bis repetita
Selon les populations, ces attaques d’éléphants ne sont pas un fait isolé. Elles s’inscrivent dans un contexte de cohabitation de plus en plus difficile entre l’homme et la faune. Les troupeaux d’éléphants, attirés par les cultures vivrières, s’aventurent fréquemment hors de leur habitat naturel, provoquant des ravages dans les champs et plongeant les populations dans l’incertitude. Maïs, mil et autres cultures essentielles à la subsistance des habitants sont régulièrement détruits, aggravant la précarité économique dans cette région déjà fragile.
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Face à la gravité de la situation, le préfet du département du Mayo-Danay, Jean Lazare Ndongo Ndongo, s’était rendu sur les lieux. Une réunion de crise, convoquée à la chefferie traditionnelle, avait permis d’envisager des mesures immédiates. Parmi celles-ci, un arrêté signé du gouverneur de l’Extrême-Nord autorisait l’abattage de l’éléphant solitaire à l’origine des récentes attaques. 24 heures Plus tard, l’animal a été localisé.
Si cette action a apporté un soulagement immédiat, elle soulève néanmoins des interrogations sur la gestion à long terme des conflits homme-faune dans cette région.
Les causes profondes d’un conflit récurrent
Les incursions répétées des éléphants dans les zones habitées trouvent leurs racines dans des causes multiples. La sécheresse persistante, exacerbée par les effets du changement climatique, pousse les pachydermes à quitter leurs habitats naturels en quête de nourriture et d’eau. Par ailleurs, la destruction progressive des écosystèmes, due à la pression démographique et aux activités humaines, réduit leur espace vital, accentuant les interactions conflictuelles avec les populations locales. Ces événements témoignent de la fragilité de l’équilibre écologique dans cette région et de l’urgence d’adopter des mesures durables. L’élimination de l’éléphant solitaire a certes permis d’éloigner momentanément le danger, mais elle ne constitue pas une solution pérenne.
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Pour prévenir de telles tragédies à l’avenir, il est impératif de mettre en œuvre des initiatives concertées entre les autorités, les experts en conservation et les communautés locales. Ces actions pourraient inclure la création de zones tampons pour limiter les interactions, le reboisement pour restaurer les habitats naturels, ainsi que la sensibilisation des populations à la gestion pacifique des conflits avec la faune.
Cet incident à Kalfou est un rappel poignant des défis complexes liés à la coexistence entre l’homme et la nature. Il invite à repenser les politiques de conservation pour assurer la sécurité des communautés humaines tout en protégeant les écosystèmes vitaux de la région.
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