Commerce nocturne : quand les enfants bravent le danger pour aider les parents
Face à une situation difficile, certaines familles modestes de Douala font travailler leurs enfants notamment dans certaines agences de voyage la nuit.
Chaque soir, à partir de 19h, les enfants de ces quartiers, notamment Brazzaville et Dakar, se faufilent entre les bus dans les agences de voyage pour vendre diverses marchandises aux voyageurs. Ces activités nocturnes sont devenues une nécessité pour de nombreuses familles en difficulté économique.
Alexandra, 13 ans, vend des œufs bouillis pendant les vacances pour aider ses parents à préparer la rentrée scolaire. Elle explique : « Pendant les vacances, il y a plus d’affluence la nuit, c’est pourquoi je préfère sortir à partir de 17h et vendre jusqu’à 23h. Si ma marchandise est épuisée avant, je rentre plus tôt ». Junior NLONSSI, un autre enfant, passe la majorité de son temps dans les agences de voyage. Il ne rentre chez lui que pour manger et faire ses besoins, la maison étant proche des agences. « Quand je reviens de l’école, je me repose et à 18h, je prends mon panier de biscuits et de bonbons pour aller vendre jusqu’au départ des bus ». Raconte-t-il. Junior évoque aussi les dangers auxquels il fait face, notamment les agressions par des malfaiteurs après le départ des bus : « Certains chargeurs de bus sont des bandits. Après le départ des bus, ici devient un terrain dangereux. J’ai été agressé deux fois. Une fois, en rentrant chez moi à minuit, on m’a suivi et tout pris».
Les avis sur cette pratique sont partagés. Armand NKOUAMOU, parent et employé dans une agence, estime qu’il est irresponsable de faire travailler des enfants la nuit : « Ce n’est pas normal qu’un enfant cherche de l’argent pour sa scolarité. C’est le rôle des parents. Les parents qui envoient leurs enfants vendre de nuit sont irresponsables ». Cependant, d’autres, comme Elvige NANA, voient cette activité comme une nécessité économique. Personnellement, je ne vois pas de différence entre le commerce de nuit et celui de jour.
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Avec la conjoncture économique actuelle, tout est cher. Imaginez une famille où le père gagne 50 000 francs et la mère 30 000 francs par mois, avec cinq enfants et un loyer à payer. Ils ne peuvent pas s’en sortir sans l’aide de leurs enfants. Le commerce forge les enfants, leur apprenant à se défendre face aux difficultés de la vie. Un enfant qui sait se battre ne volera pas, contrairement à ceux à qui on donne tout et qui restent à la maison.
Cette situation met en lumière les défis économiques et sociaux auxquels sont confrontées les familles modestes, les obligeant à impliquer leurs enfants dans des activités commerciales malgré les risques encourus.
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