Santé mentale : comment Yaoundé vide la ville de ses “fous”
Depuis le lancement de cette opération en 2021, environ 900 personnes ont été retirées des rues. L’initiative vise à leur offrir des soins adaptés et à les réintégrer dans la société, tout en sensibilisant la population à leur situation.
Depuis trois ans, la mairie de Yaoundé s’est engagée dans un programme visant à retirer et à prendre en charge les personnes atteintes de maladies mentales errant dans les rues. Dans une interview accordée au blog mbethen.wordpress.com.
Un cadre légal
Luc Messi Atangana souligne que cette initiative repose sur des bases juridiques solides. « Cette activité est reconnue par le Code général des collectivités territoriales décentralisées en son article 218 », explique-t-il. Il ajoute que le décret présidentiel du 9 août 2022 stipule que ces malades doivent être dirigés vers des établissements médicaux appropriés pour une prise en charge, selon les moyens disponibles. Les interventions de la police municipale sont également encadrées afin de respecter la dignité des personnes concernées. « Si un de nos agents rencontre un tel malade, ils savent la conduite à tenir », affirme le maire, insistant sur l’importance de la formation des équipes municipales impliquées dans ces opérations.
Collaboration avec les institutions de santé
Pour garantir le bien-être des patients, la mairie collabore étroitement avec le ministère de la Santé publique et l’hôpital Jamot de Yaoundé, qui dispose d’un espace spécialement dédié à ces personnes. Luc Messi Atangana précise que en 2021, la mairie a réhabilité cet espace pour répondre aux besoins spécifiques des patients. « Quand vous amenez de pareils malades, il faut qu’on les encadre », souligne-t-il. Des mesures d’hygiène, de restauration, d’accès aux médicaments et de soins adaptés ont été mises en place pour offrir un cadre de vie digne et propice au rétablissement.
900 personnes retirées des rues
Depuis le lancement de cette initiative en 2021, environ 900 personnes ont été retirées des rues de Yaoundé. Le maire note qu’un nombre significatif d’entre elles a retrouvé une certaine stabilité et réintégré leur famille. Ceux qui retournent chez eux continuent de bénéficier d’un suivi médical et de conseils spécialisés pour leur réinsertion. Luc Messi Atangana précise que ces malades proviennent de toutes les régions du pays, et la continuité des soins à l’hôpital Jamot permet aux familles de mieux comprendre comment s’occuper de leurs proches, favorisant ainsi une approche intégrée de la santé mentale.
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Luc Messi Atangana appelle les habitants de Yaoundé à faire preuve de bienveillance envers les personnes atteintes de maladies mentales. « Il est important de les considérer comme les autres, c’est-à-dire d’avoir le même regard sur eux que sur ceux qui ont d’autres affections », affirme-t-il. Cette sensibilisation est cruciale pour combattre la stigmatisation associée à la maladie mentale, qui reste présente dans la population. À l’échelle nationale, le maire espère que cette initiative se généralise. «J’ai suggéré cela au ministère de la Santé », mentionne-t-il, ajoutant que la réponse du ministre a été positive, avec la promesse d’une étude pour potentiellement transformer cette initiative en un programme national.
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