Troisième trimestre : La grève au programme scolaire
La rentrée scolaire de ce dernier trimestre est marquée par des mots d’ordre de grève lancés par le Snaes et les enseignants vacataires.
Par Blaise Djouokep
L’entrée des élèves du lycée bilingue de Nylon Brazzaville grouille de monde. Des apprenants vêtus de leur uniforme scolaire se bousculent devant le portail sous le regard bienveillant du Portier qui filtre les entrées. Les élèves se dirigent dans leurs salles de classes et se mettent en condition pour affronter les premières épreuves séquentielles auxquelles ils vont faire face. Seulement aucun enseignant disponible pour assurer la surveillance et le bon déroulement de ces épreuves. En leur absence, le personnel administratif se mue en surveillant.
” La surveillance des épreuves est faite par le personnel administratif et les surveillants de secteur. La plupart des professeurs titulaires qui sont des syndiqués ne sont même pas venus. Nous sommes en grève. Et la grève est réelle”, argue Raoul Lemopi Tsasse, enseignant.
L’ambiance au lycée bilingue de Nylon Brazzaville est presqu’identique dans plusieurs lycées et Collèges d’enseignement secondaire (Ces) de Douala. Dans de nombreux établissements scolaires d’enseignement secondaire, les cours n’ont pas sereinement repris. L’accès est cependant interdit aux hommes et femmes de médias. Au lycée d’Akwa par exemple, impossible d’y accéder. Quelques enseignants rencontrés n’osent pas se prononcer sur l’effectivité ou non de la grève. Idem au lycée bilingue de Deido, où l’entrée est également filtrée par l’agent de sécurité en faction. Cependant d’après certains enseignants, la grève est effective. ” Une collègue qui enseigne au lycée technique de Douala Koumassi vient de m’appeler pour me dire qu’elle a déjà fait ses 15 minutes de cours, et qu’elle est en train de rentrer”, note un enseignant.
La grève entamée le lundi, 25 avril 2022 jour de la rentrée scolaire du troisième trimestre s’inscrit à la suite du mouvement On a Trop Supporté (Ots). Elle avait paralysé le second trimestre pendant le dernier mois de cours, avant d’être suspendue au soir du second trimestre. La grève qui débute ce 25 avril est lancée par deux organisations. Le mot d’ordre du Syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (Seca) avait été lancé le 22 Avril, au terme d’une séance extraordinaire. Ces syndicalistes avaient alors fait le constat du mutisme du gouvernement face à leurs revendications. Cevcam quant à lui avait donné son mot de grève deux jours plutôt.
La situation des enseignants vacataires
Le 20 avril 2022, le Collectif des enseignants vacataires des lycées et collèges du Cameroun (Cevcam) dans une correspondance adressée aux ministre du travail et de la sécurité sociale (Mintss) et à celui des Enseignements secondaires (Minesec) annonçaient l’arrêt des cours dans les lycées et collèges du Cameroun pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail. Dans ladite correspondance, ils se disent exploités par les chefs d’établissements publics pour combler le déficit criard d’enseignants issus de l’Ecole normale supérieure (ENS). Ils se disent aussi abusés par les fondateurs capitalistes des établissements secondaires privés qui leur offre des salaires insignifiants.
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Ces enseignants ont également adressé des correspondances au parlement, au Premier ministre, à la Présidence de la République. Face au silence qui leur est servi, ils se disent marginalisés et envisagent la cessation graduelle des enseignements. Ils exigent ” la redéfinition des grilles salariales qui s’étendront désormais sur 12 mois, et non plus sur 8 ou 9 mois ; l’affiliation à la Cnps obligatoire pour tous les enseignants vacataires ; l’application du statut particulier de la loi de 2014 prévoyant la gestion des enseignants vacataires par le conseil régional”, écrivent-ils.
Ils souhaitent également que l’État revoit et applique la convention qui régie les établissements d’enseignement privé, en imposant des contrats de travail, des salaires décents qui s’étalent sur toute l’année, et un taux horaire variant entre 2000 Fcfa et 4500 Fcfa en fonction de la taille de l’établissement, et du niveau d’études. Des revendications qui viennent s’ajouter à celles du Snaes qui exige
- Le paiement intégral de la dette envers les enseignants par l’État, y compris les suspendus des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest;
- L’automatisation permanente des actes de carrière de tous les enseignants, de la maternelle au secondaire
- La signature du statut spécial des enseignants déposée à la présidence de la République par le Collectif On a Trop Supporté, le 18 mars 2022.
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