Énergie électrique : les grandes entreprises en mode délestage à Douala
La recommandation faite par le MINEE au DG d’Eneo de les priver de 30Mw est mal vécue par les créateurs de richesse.
Par Blaise Djouokep
Depuis le 8 mars 2022, de nombreuses entreprises ne fonctionnent pas au maximum de leur potentiel. La raison est que dans une correspondance datée du 8 Mars, le ministre de l’Eau et de l’Energie (MINEE) demande au directeur général d’Eneo d’instruire ses services compétents de procéder à des délestages quotidien des industries énergivores de la ville de Douala et ses environs à hauteur de 30 Mw afin d’éviter le rationnement des ménages. Le délestage quotidien des industries connectées au Réseau interconnecté Sud (RIS) va durer jusqu’à la fin du mois de me Mars. Elle vise à résoudre à en croire le MINEE, le déséquilibre entre l’offre et la demande et mettre fin aux coupures dans les ménages.
Grogne chez les patrons d’entreprise
Une décision insupportable et incompréhensible pour les patrons d’entreprises qui disent déjà fonctionner en dessous de leur besoin en énergie électrique.
“Même lorsque nous disions être en plein régime, les coupures d’énergie n’avaient pas disparu. Et quand on parle encore du rationnement d’une énergie que nous ne recevons déjà pas totalement, c’est pour nous priver prrsqu’entièrement d’énergie électrique. Avant ce nouveau rationnement, nous n’avions droit qu’à environ 70% de l’énergie sollicitée. Et ces 70% seront encore réduits. Pour quel résultat?”
déplore le président directeur général de Tanty foods, Thierry Nyamen.
Du côté du patronat, une Source au Groupement international du Cameroun dénonce une décision ubuesque en contradiction avec les vœux de compétitivité du secteur privé régulièrement exprimés par les pouvoirs publics.
Pas de mesures d’accompagnement
Surtout que la décision du MINEE intervient après l’acquisition et la présentation en grande pompe de plusieurs transformateurs de puissance. Ces acquisitions faites début janvier 2022 visaient à améliorer l’offre en énergie électrique avant et pendant la Coupe d’Afrique des nations (CAN) qu’organisait le Cameroun. Seulement, les délestages ont repris de plus belle, après le coup de sifflet final de la compétition, privant entreprises et ménages d’énergie électrique.
” Il n’est pas normal qu’on commande des transformateurs, qu’on les installe avant le début de la CAN, et qu’aujourd’hui, qu’on nous dise que ces transformateurs ont un défaut de fabrication. Ils devraient rentrer en Turquie. Il ne faut pas demander aux industriels de faire ce sacrifice. C’est une décision Complice de la part du gouvernement”
dénonce le président de l’association citoyenne des consommateurs d’énergie, d’eau, de gaz, de télécommunications, Dieudonné Yebga.
Une réduction de l’offre en énergie électrique qui entraine une hausse du coût de production d’environ 10%, selon le PDG de Tanty foods. Un délestage face auquel le gouvernement ne propose aucune alternative.
” Le coût de l’énergie au Cameroun est extraordinaire élevé. Si on regarde le taux affecté à l’importation des groupes électrogènes, alors que cela pouvait être un palliatif, c’est déplorable. On pouvait en amont demander de réduire la consommation de l’énergie électrique, et en aval, prendre des mesures afin de réduire les taxes sur l’importation des groupes électrogènes qui coûtent déjà trop chers. Le Nigeria en est un exemple. Vous ne pouvez pas trouver une entreprise qui ne dispose pas d’un groupe électrogène. Au Cameroun, les entreprises n’en n’ont pas parce que le coût est élevé. Si le gouvernement avait donné des taxes douanières préférentielles sur les groupes électrogènes, on aurait pu dire que c’est une solution palliative au rationnement de l’énergie électrique”
Regrette Thierry Nyamen.
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