Societé civile : ce que le Minat reproche aux associations suspendues
Lors d’un point de presse tenu le 10 décembre 2024, Paul Atanga Nji a détaillé les raisons de la suspension des cinq ONG et a averti d’autres acteurs qu’il juge non conformes.
Le 10 décembre 2024, lors d’une conférence de presse, Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, a expliqué les raisons de la suspension de cinq organisations non gouvernementales (ONG) pour une durée de trois mois. Dans son allocution, il précise que cette décision fait partie d’une initiative plus large qui vise à intensifier la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme au Cameroun.
D’après le ministre, les enquêtes menées par l’Agence nationale d’investigation financière (ANIF) font savoir que les ONG concernées ont reçu un total de 16 milliards de Fcfa en un temps record, alors que les activités déclarées sur le terrain ne justifient que 400 millions de Fcfa. « Ce décalage important entre les fonds reçus et les activités réalisées suscite de graves soupçons ; les enquêtes révèlent des montants exorbitants et sans traçabilité claire, ce qui constitue une violation des textes régissant les ONG au Cameroun », déclare le ministre.
Cadre juridique
Selon Paul Atanga Nji, les associations locales déclarées ne peuvent recevoir de fonds étrangers sans une autorisation préalable. Il rappelle ensuite qu’elles doivent produire des rapports d’activités et financiers annuels. « Nous devons garantir que les financements reçus par les associations soient conformes aux objectifs déclarés ; certaines d’entre elles violent la loi numéro 99/014 du 21 décembre 99 en recevant des fonds de sources non identifiées ou illégales. Ces actes constituent un risque pour la stabilité et la sécurité nationale », affirme le ministre de l’Administration territoriale.
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Par ailleurs, il a également précisé que cette démarche vise à répondre aux exigences du Groupe d’action financière (GAFI), qui a placé le Cameroun dans la zone grise, soulignant des faiblesses dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Les églises dans le collimateur
Les cinq organisations suspendues sont Association charitable socioculturelle du Cameroun (ACSCC), Reach Out Cameroun (ROC), Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC) et L.M. Nanje Fondation INC. Outre ces ONG, Paul Atanga Nji adresse un avertissement aux églises non déclarées qui prolifèrent au Cameroun. Il rappelle que seules les églises ayant obtenu une autorisation présidentielle peuvent exercer légalement. « Les églises de réveil et autres structures non conformes sont invitées à se mettre en règle ; les contrevenants s’exposent à des mesures fermes, incluant la fermeture immédiate de leurs lieux de culte ; les textes sont clairs ; seule l’autorisation du chef de l’État peut permettre leur existence légale », martèle le ministre.
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Le ministre a prévenu que les autorités camerounaises continuent leurs investigations pour repérer et sanctionner d’autres organisations qui enfreignent la législation. « La période de tolérance est finie; nous vivons dans un monde risqué, et ces abus doivent prendre fin. C’est une question de sécurité nationale et de respect des lois », a-t-il déclaré.
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