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Secteur minier : la question de la rentabilité en débat à Douala

Acteurs publics, privés et de la société civile se sont réunis dans la capitale économique pour explorer les moyens de faire du secteur minier un levier de développement durable.

Ce jeudi 15 mai à Douala, Innogence Consulting , cabinet de conseil en intelligence économique, et NYA&Co Law Firm, cabinet d’avocats d’affaires international et panafricain, ont organisé avec le soutien de Me Lucie Dzongang, un petit-déjeuner-débat consacré à la rentabilisation du secteur minier au Cameroun. Réunissant plus d’une vingtaine de participants issus des administrations publiques, des entreprises minières, du monde juridique, des ONG, des médias et du secteur de l’expertise, l’événement a offert un espace d’échange sur les défis économiques, juridiques et techniques du secteur.

Secteur minier : la question de la rentabilité en débat à Douala

Transformer le potentiel en opportunité

Premier à prendre la parole sur le thème « Le secteur minier camerounais : les enjeux économiques, transformation locale et retombées pour les populations », Clotaire Kouakep, sous-directeur au ministère des Mines, rappelle que le Cameroun dispose d’un potentiel minier important mais encore largement sous-exploité. « On a un constat qui est suffisamment clair, on a un potentiel, mais comment faire pour transformer ce potentiel en opportunité pour notre pays ? », lance-t-il avant d’insister sur la nécessité de renforcer le cadre légal, d’approfondir la connaissance du sous-sol national et de fournir aux investisseurs des données fiables. À ce titre, il précise que le nouveau code minier de 2023 introduit un mécanisme de partage de production qui est de 1 à 5 % pour les substances précieuses et de 2 à 15 % pour les autres, afin de garantir à l’État une part plus équitable des retombées économiques.

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Un cadre juridique à clarifier

Malgré ces avancées, des zones d’ombre juridiques subsistent. Par ailleurs, Me Sarada Nya, associée-gérante chez NYA&Co  , dénonce les chevauchements de compétences entre institutions, un manque de coordination dans l’octroi des autorisations et une opacité persistante dans les registres miniers. « C’est l’une des raisons pour lesquelles les investisseurs hésitent », précise-t-elle.

Secteur minier : la question de la rentabilité en débat à Douala

Autre frein majeur à la transformation locale, l’accès à l’énergie. Patrice Lumu, représentant du port autonome de Kribi (PAK), explique qu’actuellement le port a lancé un projet de construction d’une ligne de 225 KVA qui va aider à pallier le souci d’énergie dans la zone. « La première chose que nous allons faire, c’est construire une ligne de 225 KVA qui partira de la centrale thermique jusqu’à Moro sur 43 km et qui devrait générer à terme 120 mégawatts ; le deuxième projet, c’est de construire une deuxième ligne qui partira toujours de 225 KVA pour apporter l’électricité jusqu’à Kribi pour 80 mégawatts ; donc, le premier projet a démarré, il s’achèvera à la fin du premier trimestre de l’année prochaine ; le second, c’est pour l’année d’après », explique-t-il.

Le Dr Igor Ngantchou, du groupe BOCOM, a abondé dans ce sens, précisant que « pour assurer une véritable transformation locale, il faut au moins 70 mégawatts ; or, les projections actuelles sont insuffisantes ».

Intégrer l’énergie dans la stratégie minière

Pour Christiane Kouamen, fiscaliste et experte en développement, il est temps d’adopter une approche multisectorielle. « Il faut accompagner les entreprises minières dans l’autonomisation énergétique de leurs sites, et intégrer une infrastructure électrique robuste dans le corridor minier », déclare-t-elle. Malgré les défis, les panélistes se sont accordés sur le fait que le Cameroun peut faire du secteur minier un levier de croissance, à condition d’agir de manière concertée.

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Une concertation qui passe par une meilleure cartographie des sites et sources d’énergie locales ; la formation des régulateurs, l’amélioration de la transparence et un développement cohérent des infrastructures. Selon ses experts, le secteur minier ne pourra jouer pleinement son rôle dans l’économie camerounaise que si l’État, les entreprises et la société civile travaillent main dans la main afin de bâtir un secteur minier inclusif, durable, bien gouverné et connecté aux besoins du développement local.

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