Santé mentale : les coiffeuses à la rescousse
Le concept consiste à former des femmes coiffeuses ambassadrices de la santé mentale. Sur les 500 candidatures reçues par le jury de la Bluemind fondation, ce sont au final 65 participantes qui ont été retenues pour prendre part à la troisième session de formation de Heal by hair.
Cette initiative qui en est à sa troisième édition après les deux éditions de la Côte d’Ivoire part d’un rapport d’étude entre les femmes et leurs coiffeuses. « En Afrique, plus de 110 millions de personnes souffrent de problèmes de santé mentale dont 60% sont des femmes âgées de moins de 25 ans. Ce qui fait environ 66 millions de femmes. Nous avons réalisé une étude qui a été publiée en novembre 2021. C’est un rapport d’étude croisé entre les femmes africaines et leurs coiffeuses. Dans cette étude, plus de 67% des femmes africaines indiquent se confier à leurs coiffeuses ; 6 femmes sur 10 reconnaissaient que si une coiffeuse est formée aux premiers secours en soins dans le domaine de la santé mentale et de la psychologie, elles seraient prêtes à davantage lui faire confiance ; plus de 90% des coiffeuses ont déclaré être prêtes à être formées sur ces sujets-là et devenir ambassadrice de la santé mentale », note Marie-Alix PUTTER, présidente et fondatrice de la Bluemind Fondation.
LIRE AUSSI: Paludisme : le Cameroun va expérimenter le vaccin pour une lutte plus efficace
Les coiffeuses de cette 3ème édition de Heal by hair sont issues des quartiers Bépanda, New-Bell et Brazzaville (Douala). Elles sont propriétaires ou gérantes de salons de coiffure et ont au moins 2 ans d’expérience. La moyenne d’âge est de 33 ans. Du 24 au 26 avril 2023, les 65 participantes vont être formées gratuitement aux bases de la santé mentale et aux premiers secours psychologiques. La formation enrichie par les expériences cumulées des deux premières éditions est sur mesure, à la fois personnalisée et collective. Les coiffeuses sélectionnées bénéficieront d’ateliers pratiques, des séances de bien-être et d’accompagnement psychologique, de coaching en leadership, de rencontres avec des personnalités inspirantes.
A en croire le Dr Christian EYOUM, psychiatre, la formation sera basée sur au moins six modules. « Le module 1 portera sur la santé mentale sur ce qu’est la santé mentale ; le second sur le rôle et l’importance d’une ambassadrice en santé mentale ; le 3ème sur l’éthique et la confidentialité ; puis sur l’écoute et l’empathie, écouter et savoir prendre la bonne distance, pour que si son histoire rime avec celle de la coiffeuse, qu’elle puisse l’aider sans en souffrir elle-même. Deux autres modules sur comment reconnaître les signes de détresse psychologique ; comment reconnaître les signes de violence psychologique», déroule le psychiatre.
Suivront des ateliers pratiques et enfin, une évaluation. L’objectif est de déstigmatiser la santé mentale et rendre accessible les soins. Surtout que selon le Dr Christian EYOUM, en 2022, le Service de santé mentale de l’Hôpital Laquintinie de Douala a effectué 4 305 consultations, avec une moyenne comprise entre 300 et 500 consultations par mois. A cela, s’ajoute les résultats de l’étude menée en milieu estudiantin qui révèle que 7% d’étudiants ont déjà commis une tentative de suicide. D’où l’urgence d’agir, note le psychiatre.
Nous Suivre
join followers join followers join followers