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Me Alice Nkom : « j’ai brisé les scellés parce qu’ils ont été illégalement apposés »

La co-présidente du Conseil d’administration du Redhac explique les raisons pour lesquelles elle a brisé les scellés apposés sur les locaux de l’association à la suite de la suspension des activités par le Minat. Elle s’exprime également sur la convocation du préfet du département du Wouri à laquelle elle n’a pas répondu.

Par Armel Mouanjo

Peu après la pose des scellés sur les locaux du Redhac, vous les avez brisés. Ce qui vous a valu une convocation du préfet du département du Wouri à laquelle vous n’avez pas déféré. Pouvez-vous revenir sur cette succession d’évènements ?

Hier (lundi), je suis allé briser les scellés qui étaient illégalement apposés sur les locaux du Rhedac où je suis co-présidente du Conseil d’Administration avec, comme Pca, l’honorable Pr Loumou Ngoye, qui est en même temps président de la Commission africaine des Droits de l’homme, et qui m’a chargé de gérer ce problème avec sa bénédiction, et qu’il sera d’accord avec moi sur tout ce que je pourrais faire pour défendre les droits fondamentaux du Redhac et des personnes qui animent le Redhac, tant il respecte lui-même, ainsi que tous les membres de l’Union Africaine, respectent énormément le travail qui est fait sur place au Cameroun dans des conditions extrêmement difficile par le Redhac qui a aujourd’hui 14 ans d’existence. Quand on a 14 ans d’existence et qu’on est une association, on a l’acte de naissance qui est passé par la préfecture, conformément à la loi de 1990, intitulée, la loi sur la liberté d’associations. Tout est en règle. Et ça dure depuis 14 ans.

Est-ce ce qui a justifié votre bris des scellés ?

Je vais avoir 80 ans dans un mois, et je ne laisserai pas mes compatriotes me dire au revoir en laissant cette image de moi et de toutes les personnes qui composent le Redhac, et qui sont d’honnêtes personnes.

Je suis rentré dimanche nuit d’Allemagne. Et on me dit qu’il y a un arrêté du ministre de l’Administration Territoriale (Minat) rendu public dans la soirée du vendredi 06 décembre 2024 dans lequel le Minat fait des accusations d’une gravité extrême contre nous. On ne peut pas penser qu’une institution dans laquelle je suis, dans laquelle le président de la Commission africaine des droits de l’homme est, est une institution bandite, qui fait du blanchiment d’argent. Pour qui nous prennent-ils ? Pour des membres du gouvernement qui vident les caisses de l’Etat, nous mettent dans des situations extrêmement difficiles, nous le bas peuple, et blanchissent leur argent en toute tranquillité ici et ailleurs ? Ça c’est un honneur que je vais défendre jusqu’à ma mort, s’il le fallait.

Lire aussi : Redhac : Maximilienne Ngo Mbe convoquée à la Police judiciaire

Je vais avoir 80 ans dans un mois, et je ne laisserai pas mes compatriotes me dire au revoir en laissant cette image de moi et de toutes les personnes qui composent le Redhac, et qui sont d’honnêtes personnes. C’est pour cela que j’ai décidé, de n’avoir qu’un seul patron, qui est la loi. Et j’exécuterai toutes les actions que me confère la loi du Cameroun, qui est aussi la loi internationale, qui est la loi votée par le président de la République, et qui est aussi la loi de M Cavaye Yéguié, de notre parlement. J’irai jusqu’au bout.

Peut-on dire que vous engagez-là un bras de fer contre le préfet du Wouri ?

(c) Me Alice Nkom ce 9 décembre 2024

 

Ne prenez pas ça comme un bras de fer. Je n‘ai provoqué personne. Tout ce triste scénario se déroule dans mes locaux. Le domicile est protégé par la constitution sur laquelle le président de la République a prêté serment. La constitution est ainsi violée et on veut qu’on se taise ? Je ne vais pas laisser faire. Aussi longtemps que la loi me dit que ce que tu fais est juste, que ce que lui il a fait est illégal, il me verra sur le terrain. Ce n’est pas un acte de bravoure.

Me Alice Nkom recevant le prix Janette-Bertrand de la Fondation Émergence le 8 juin 2022

 

Vous avez reçu une convocation de M le préfet à la suite de ce bris des scellés. Qu’en est-il exactement ?

M le préfet me convoque sous le couvert de la chefferie du canton Bell. Je suis avocate, inscrit dans ce corps respecté du barreau du Cameroun à une époque où il n’y avait même pas encore le barreau du Cameroun. J’ai été autorisée par décret- du président de la République Ahmadou Ahidjo d’exercer la profession d’avocat. C’était en 1968. J’exerce cette profession de manière connue. M le préfet me convoque pour 11h aujourd’hui (mardi, 10 décembre 2024), et je reçois la convocation à une heure de l’heure indiquée dans la convocation. La chefferie devait chercher dans le canton Bell où se trouve Me Alice Nkom que le préfet ne connait pas.

Même la justice qui est une institution se donne le devoir de vous convoquer, de vous citer, en vous laissant au moins 5 jours entre le moment où il vous envoie la convocation et le moment où vous devez comparaitre.

Je ne suis pas au chômage pour répondre à une convocation qui est allée se promener dans tout le canton Bell avant d’arriver ici et 1h avant l’heure à laquelle il me convoque. Je dis non. Il peut faire ce qu’il veut, il ne me verra pas s’il me convoque de cette manière illégale. Même la justice qui est une institution se donne le devoir de vous convoquer, de vous citer, en vous laissant au moins 5 jours entre le moment où il vous envoie la convocation et le moment où vous devez comparaitre. M le préfet ne peut pas se dispenser de cette obligation légale d’une institution comme le ministère de la, justice.  Je lui ai fait une lettre dans laquelle je lui ai répondu que je ne réponds pas à sa convocation. Il aurait pu envoyer ma convocation par le greffe. Mais, me l’envoyer au canton Bell, c’est de la provocation.

Je ne laisserai pas une once de la liberté et des droits que m’accordent les lois de la République pour obéir aux injonctions de quelqu’un qui est préfet et qui ne sait pas retrouver un avocat régulièrement inscrit au barreau du Cameroun.

Qu’est-ce qui a été fait jusqu’ici par le Redhac pour être rétabli dans son droit et reprendre ses activités ?

Le combat ne fait que commencer et j’irai jusqu’au bout. Nous avons attaqué la légalité de cet arrêté du Minat, parce qu’il n’est pas au-dessus de la loi, encore moins au-dessus des tribunaux. Nous avons saisi les juges d’un recours pour excès de pouvoir. C’est prévu par la loi.

Je ne laisserai pas une once de la liberté et des droits que m’accordent les lois de la République pour obéir aux injonctions de quelqu’un qui est préfet.

Lorsque j’aurai reçu le certificat de dépôt, lequel prouve que le tribunal a reçu mon recours, la loi les oblige à cet instant à surseoir à l’exécution de leurs arrêtés. Et c’est pendant cette période que je vais retourner à mon bureau. S’ils sont là, il y aura ce qu’il y aura. Je vais rentrer dans mon bureau parce que la loi me dit que dans ce cas-là, les mesures qui sont dans l’arrêté du Minat sont suspendues. Et donc, je vais continuer mon travail.

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