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Léopold Tchako : “Il faut multiplier la création des micro-barrages”

Producteur indépendant d’énergie, il propose la création de barrages de 0,5 à 5 Mw dans les villages et villes traversés par les cours d’eau, pour atteindre la stabilité énergétique.

Par Armel Mouanjo

Quel regard portez-vous sur la situation énergétique actuelle du Cameroun ?

Le Cameroun est un paradoxe terrible. Nous sommes l’un des pays les plus arrosés par des cours d’eau en Afrique. Malheureusement, nous n’exploitons pas ces cours d’eau. Pourtant, c’est de l’énergie pure qui circule partout dans nos villages et nos villes. Nous manquons d’énergie, pourtant nous avons tout pour avoir de l’énergie en quantité plus que suffisante. Ce que le Cameroun traverse est catastrophique pour notre économie et pour nos entreprises. On espère que, dans les prochains jours, on aura de l’énergie injectée.

Les barrages jusqu’ici construits par le Cameroun n’apportent pas satisfaction. Quelle peut être, d’après vous, la solution?

Des solutions existent. La plus efficace selon moi, est la création des micro-barrages. Nous pouvons créer des micro-barrages pour faire face à cette pénurie d’énergie que nous subissons aujourd’hui. En France, par exemple, il y a environ 1900 micro-barrages qui leur produisent de l’énergie électrique en gigawatts. Nous avons au Cameroun beaucoup de cours d’eaux et, dans chacun de nos villages, il y a la possibilité de créer un micro-barrage de 0,5 Mw, de 1 Mw, de 2Mw jusqu’à 5Mw. Et cela coûte très moins cher. Et la rentabilité est rapide parce que nous avons besoin de cette énergie. Donc, parler de déficit énergétique au Cameroun, c’est comme si on se moquait de nous-mêmes.

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Le gouvernement doit tout mettre en œuvre pour que les opérateurs économiques puissent prendre la relève. Les Camerounais qui peuvent investir 500 millions FCFA ou 1 milliard FCFA pour les barrages sont nombreux. Et la rentabilité est de plus de 40 %. Si l’État veut, nous pouvons l’aider à résoudre ce problème énergétique au Cameroun.

On parle d’un déficit d’environ 170 Mw. Est-ce que les 60Mw de Nachigal et l’arrivée de la saison pluvieuse pourront résoudre le déficit en énergie ?

Ce que Nachtigal va injecter ne va pas résoudre le problème parce qu’au Cameroun aujourd’hui, nous avons une production moyenne, en plus de ce que Nachtigal va apporter, d’environ 1800 Mw. Les besoins d’ici 2027 – 2028 est d’environ 3000 Mw. Donc, on n’est pas sorti de l’obscurité. La difficulté sera toujours présente jusqu’à ce qu’on atteigne la quantité d’énergie produite suffisante. Ce qui n’est pas facile parce que chaque année, la population augmente et les besoins en énergie également. Aujourd’hui, on a 1800 Mw et le besoin est de 3000 Mw. Et les besoins ne cesseront de grandir. La solution passe par la construction des micro-barrages. Sans quoi nous ne pourrons pas atteindre la sécurité énergétique tout de suite.

Le secteur est libéralisé depuis plusieurs années. Qu’est-ce qui empêche les investisseurs privés de se lancer dans la construction des micro-barrages ?

“Bien que le secteur soit libéralisé, Eneo n’avait pas la contrainte de récupérer tout ce que nous produisons. Et c’est ce qui fait problème actuellement”. 

L’État a ouvert le secteur au privé avec la loi du 14 décembre 2011 qui a libéralisé le secteur. Bien que le secteur soit libéralisé, Eneo n’avait pas la contrainte de récupérer tout ce que nous produisons. Et c’est ce qui fait problème actuellement. C’est pour cela que le ministre de l’Eau et de l’Energie a demandé que la loi soit relue pour donner à Eneo l’obligation d’acheter tout ce que les privés vont produire.

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Cette loi sera relue et, avec cela, beaucoup d’investisseurs vont se lancer dans la production énergétique, et on pourra avoir de l’énergie en quantité et en qualité suffisantes

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