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Boko Haram Société

Insécurité : trois morts dans une attaque impliquant des déplacés internes et des ex-combattants

Les forces de sécurité du Mayo-Sava ont réussi à neutraliser un gang armé : des déplacés internes et d’anciens combattants de Boko Haram impliqués.

Par Célestin TABOULI Succès

La quiétude des habitants d’Ourro Guedem, paisible localité située dans l’arrondissement de Petté, département du Diamaré, région de l’Extrême-Nord, a été violemment troublée. Et pour cause : dans la nuit du 7 au 8 janvier 2025, aux environs de 1 heure du matin, un groupe armé composé de sept individus a pris d’assaut le domicile d’un grand commerçant, cible d’un enlèvement planifié. Toutefois, contre toute attente, la victime est parvenue à échapper à ses ravisseurs et à donner l’alerte à la brigade de gendarmerie locale, déclenchant ainsi une série d’événements dramatiques.

Lire aussi : Boko Haram : terreur dans le Mayo-Tsanaga après l’assassinat de 12 civils

Poursuivis par les éléments de la gendarmerie de Petté, les ravisseurs ont réussi à quitter cet arrondissement pour le département du Mayo-Sava. Alertées, les forces de sécurité du Mayo-Sava se sont immédiatement mobilisées et ont suivi les traces des assaillants jusqu’au village de Yala-Yalta, dans l’arrondissement de Mora. Sous la supervision du commandant de compagnie de Mora, Nanah Mark Nya, l’équipe a pu mobiliser un dispositif important, impliquant les comités de vigilance locaux. C’est finalement en route vers le canton de Makalingaï, dans l’arrondissement de Tokombéré, que les assaillants, acculés, ont déclenché une fusillade violente.

Un bilan lourd et des révélations troublantes

L’affrontement s’est soldé par la mort de deux assaillants et d’un membre du comité de vigilance. Un autre membre a été grièvement blessé. Un des assaillants a été arrêté. Il s’agit d’un ancien combattant de Boko Haram ayant rejoint le Centre de transit de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) de Méri. Selon une source sécuritaire, « ce suspect est actuellement en exploitation. Son témoignage pourrait permettre de démanteler des réseaux encore actifs et d’identifier leurs complices. » Cependant, la découverte de l’identité des assaillants a exacerbé les tensions. Les deux individus abattus ont été identifiés comme des déplacés internes vivant dans un camp de Mémé. Pris de colère, des habitants ont incendié le camp, nécessitant une nouvelle intervention des forces de sécurité pour rétablir le calme.

Défis sécuritaires persistants

Cette situation illustre, une fois de plus, les défis sécuritaires persistants dans la région de l’Extrême-Nord. Les populations locales, déjà éprouvées par les vagues de déplacements causées par les conflits, voient leur quotidien compromis par l’implication de certains déplacés internes dans des actes criminels. Un membre d’un comité de vigilance confie : « Nous sommes pris entre le marteau et l’enclume. Nous voulons protéger nos communautés, mais comment faire face à des attaques venant parfois de ceux que nous avons accueillis ? »
Cette situation soulève des questions complexes : comment concilier accueil humanitaire et prévention des infiltrations criminelles ? Quelle est l’efficacité des dispositifs DDR dans la réintégration des anciens combattants ?

Une vigilance renouvelée

Cette nuit sombre rappelle, avec douleur, que la paix dans cette partie du pays demeure fragile. La synergie entre forces de sécurité, comités de vigilance et populations reste essentielle pour faire face aux défis sécuritaires et préserver un semblant de sérénité dans cette région en proie à de multiples vulnérabilités.