Elie Smith: “le combat des sécessionnistes n’est plus idéologique”
Un an après la mort de Christian Tumi, le coordonnateur de la Conférence générale des anglophones invite aussi le gouvernement à reconstruire et développer économiquement le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, et à implémenter les recommandations du Grand dialogue national.
Par Blaise Djouokep
Dans la nuit du 3 au 4 avril 2021, le cardinal Christian Tumi décédait des suites de maladie. Comment avez-vous commémoré l’an un de son décès ?
Il n’y a pas eu une manifestation particulière ou un évènement spécial en mémoire de sa mort. Je suis allé à l’église, le dimanche 3 avril, jour de sa mort, ensuite, avec des journalistes, nous avons eu des réflexions sur ce qu’on peut appeler la philosophie de vie du cardinal Christian Tumi. C’était un jour sobre. J’ai fais mon introspection.
Un an plus tard, la Conférence générale des anglophones est-elle toujours d’actualité ?
La Anglophone general conference existe toujours. Tous les membres existent toujours, bien que nous n’ayons fait aucune activité officielle depuis son décès. Nous nous retrouvons de manière informelle. Nous avons également voulu qu’une année s’écoule avant de relancer notre organisation. Tout ce que nous avons dit au début de cette crise s’est manifesté. Nous pensons qu’il faut discuter. Il faut aller regarder les racines de la cause de cette crise qui est cyclique au Cameroun. Ceux qui pensent que la conférence générale des anglophones est partie avec le cardinal se trompent.
Personnellement, je partage toute la philosophie du cardinal. Il pensait par exemple qu’il faut aimer son pays, être honnête et dire la vérité, faire des compromis. Donc, ne pas forcement croire que ton idée est la meilleure. Accepter les propositions et les suggestions des autres. C’est dans cet esprit qu’il a participé au Grand dialogue national. Nous avons soutenu le statut spécial des deux régions qui a découlé de ce Grand dialogue. J’étais d’avis avec le cardinal lorsqu’il pendait que les meilleurs moments du Cameroun moderne après la réunification, c’est les onze années pendant lesquelles ont existé la République fédérale du Cameroun, parce qu’on respectait la constitution et l’esprit qui a créé le pays. Et nous pensions que la constitution est dynamique, et que nous allions un jour rentrer à la case départ. Nous voulons que les institutions de la République, la décentralisation, le statut spécial, ne soient pas qu’un vain mot. Dommage que tout cela n’existe que dans les textes.
Qu’est-ce qui est fait depuis lors par la Conférence générale des anglophones, au moment où la crise s’enlise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ?
Nous récoltons les données de ce qui se passe dans les deux régions en termes de violations des droits de l’homme. Mais, dire que le conflit s’enlise c’est un peu minorer les progrès qui sont fait sur le terrain. Comparativement à il y a deux ou trois ans, l’intensité des combats a baissée. Nous constatons également que ce n’est plus une lutte idéologique qui a lieu dans ces deux régions. Lorsque les ambazoniens faisaient la guerre idéologique, ils ne kidnappaient pas, ne tuaient pas les populations, et celles-ci les soutenaient massivement. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. C’est pourquoi nous invitons le gouvernement à saisir cette occasion de désamour entre la population et ces personnes qui sont un mélange de nos frères et sœurs égarés et d’un ramassis de bandits qui kidnappent et rançonnent les gens, pour mettre en application le statut spécial de ces région. Si ce statut n’est pas mis en place, dans 7 ou 8 ans, nous reviendrons à la case départ.
Quel regard portez-vous sur la situation actuelle dans ces régions ?
Je pense que la guerre dans ces deux régions est en train de s’essouffler. La population ne soutient plus massivement les ambazoniens et ne soutient pas non plus le gouvernement. Au sortir du grand dialogue, les résolutions qui concernent ces deux régions ne sont pas appliquées. Le pays est hyper centralisé. Dans ces deux régions, la population est révoltée. Même en ce qui concerne les villes mortes, les populations en viendront à bout. Le gouvernement doit tenir ses promesses.
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Les écoles reprennent peu à peu. Mais, l’économie dans ces régions est détruire. Elle est entièrement à reconstruire. Il y a espoir que d’ici un an, cette guerre soit complètement finie. Mais, nous aurons un problème de grand banditisme dans ces deux régions à cause du chômage et du manque d’emploi. Et c’est un problème que le gouvernement doit résoudre.
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