Télécommunications: comment limiter les risques de congestion des réseaux?
Réagissant au communiqué final de la ministre des postes et télécommunications, l’expert télécom Jean Francis Ahanda, donne quelques clés aux acteurs de l’écosystème.
Il pense qu’il faut tout d’abord procéder à l’identification des éléments de réseaux à risques due à l’augmentation du trafic Data. Il s’agit selon lui de mettre sur pied une stratégie de monitoring poussée en temps réel pour détecter toutes situations alarmantes dans les moindres délais. Jean Francis AHANDA propose l’activation des capacités transit IP supplémentaire car pour lui, les liens d’interconnexion avec les différents fournisseurs d’accès à internet (FAI), opérateurs et à travers les points d’échanges, peuvent permettre l’échange du trafic Internet ‘local’ pour faciliter le télétravail et surtout l’accès en local avec de meilleurs performances.
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L’expert télécom pense qu’il est crucial d’avoir suffisamment de capacité et que tous les opérateurs s’échangent du trafic aux points d’échange pour éviter toute congestion entre les réseaux. Et d’ajouter qu’il faut aussi une diversification des PoP, pas seulement à Douala et Yaoundé. Selon lui, Camtel doit avoir une politique d’interconnexion ‘Open access’ pour faciliter les échanges de routes avec d’autres operateurs à travers des liens de peering public.
L’expert propose de la signature de partenariats avec les fournisseurs de contenu et d’application afin de livrer les contenus les plus populaires, de la façon la plus efficace qui soit sans congestionner les liens internationaux. Il propose aussi le déploiement des serveurs CDN et des IXPs pour permettre de décharger les circuits de transport internationaux ou d’interconnexion d’une quantité considérable avec une réduction des coûts qui peuvent se répercuter sur le client final.
Améliorer la résilience des réseaux pour répondre aux évènements extrêmes
Tout commence selon lui par l’amélioration de la maintenance corrective qui suppose l’adaptation des structure de maintenance au type de réseau notamment sur les réseaux stratégiques (OIV, FTTA, FTTO) : astreinte 24/7 afin de garantir une GTR acceptable par leurs clients.
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Il faut définir qui intervient sur les réseaux ? Il faut donc structurer la filière, reconnaissance d’aptitudes, Encadrement de la sous-traitance en cascade, former plus et mieux pour le personnel, terrain mais aussi de conception, d’ organisation, de gestion de projet. Jean Francis AHANDA propose de “mutualiser les infrastructure passives par l’ opérateur national.
Pour lui, même si les cahiers des opérateurs comportent déjà des clauses sur la disponibilité et la qualité de service, il faut aller plus loin en affirmant, dans un texte, que les opérateurs ont une double obligation par rapport à leur réseaux et leurs services : la permanence et la sécurité. Il pense qu’il faut obliger Camtel, l’exploitant de stations d’atterrissement de câbles sous-marins et de réseaux nationaux de FO, à signer, sous l’égide du Régulateur, des accords de rétablissement («MutualAidRestorationAgreement») sans paiements pour backupper leurs trafics (exemple : arrêté de la ministre des télécommunications du Togo du 12 août 2022).
Jean Francis AHANDA pense qu’il faut imposer des obligations de résilience aux fournisseurs d’électricité (énergie et télécoms = «frères siamois» de la résilience). Pour lui, encourager l’enfouissement des réseaux pour répondre à la fragilité des réseaux aériens implique de mettre en place des mécanismes de coordination des travaux, une sorte de guichet unique afin de garantir les droits de passage et les servitudes. L’élaboration d’un SIG sur la base de ces informations, consultables avant tous travaux sur la voie publique pour répondre aux coupure pour cause de chantier est ainsi proposée.
Sur la question des coûts
Jean Francis AHANDA fait savoir qu’en ce qui concerne “le prix d’internet, l’ingrédient principal qui est le transit IP, la tarification est fixé par Camtel via un catalogue d’interconnexion validé ( ou pas…) par l’ART”. L’expert se pose aussi plusieurs questions. “Pourquoi la disponibilité de plus de câbles sous-marins ne font pas baisser les prix? Quel est l’impact du câble SAIL propriété du Cameroun sur la baisse de prix de gros ? demande t-il? Pourquoi le câble ACE attendu depuis plusieurs années n’est toujours pas là alors que le Cameroun a payé un très gros montant pour devenir membre du consortium ? Si vous vendez les fréquences et la capacité (socle du numérique) trop chers comment vous allez démocratiser internet ?”
“On parle beaucoup du grand public avec les offres data mais pour une entreprise devoir payer 120 000 FCFA /méga pour avoir une offre internet dédié dans ses locaux a forcément un impact sur son budget et donc sur sa capacité à utiliser le numérique”. fait -il remarquer avant de relever la souci des taxes de douane qui font grimper les prix dans le secteur. Il finit en faisant savoir que l’une des raisons pour lesquelles les Aéroports du Cameroun n’arrive pas à mettre en place des Hotspot avec internet gratuit dans les aéroports du pays c’est sûrement la question des coûts.
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