Papy Anza: “Mon deuxième album va rendre un bel hommage à l’Afrique”
L’artiste musicien se livre à cœur ouvert et parle de sa carrière, présente son second album en préparation. Il jette un regard sur la musique camerounaise d’aujourd’hui et parle son choix musical.
Papy Anza a représenté le Cameroun au festival Ti î organisé par Idylle Mamba à Bangui du 20 au 22 octobre 2022 en République Centrafricaine. Que prévoit la suite de votre carrière après ce festival à Bangui?
J’ai beaucoup de spectacles programmés. Mais, je préfère ne pas en parler maintenant. Et pour cause, j’ai eu un spectacle à l’Institut français du Cameroun (Ifc), et juste après, on avait une tournée de 10 mois à l’extérieur, entre la France, l’Allemagne, et dans toute l’Europe pratiquement. Mais, une semaine après le spectacle, les frontières ont été fermées du fait du Covid-19. Donc, tout a été annulé. Certains organisateurs de ces spectacles m’ont relancé, et je leur ai dit qu’on en reparle après ce festival. Et comme parfois ce sont des spectacles calés dans 6, voire 7 mois, je préfère ne pas me prononcer maintenant, bien que plusieurs m’aient déjà relancé. Mais, après ce festival, je vais continuer de préparer mon deuxième album.
Parlez nous justement de votre prochain album. A quoi devront s’attendre vos fans ?
L’album qui va venir s’appelle “Talenti“. Talenti veut dire étoile. L’album veut dire que chacun de nous a sa lumière, son étoile. Je vais beaucoup plus chanter en Ewodi, parce que je reçois beaucoup de critiques, de ma famille de ce côté-là. On me dit que c’est bien de chanter en Duala, en anglais, en français, mais, on me demande toujours pourquoi je ne chante pas en Ewodi. Mais, c’est juste qu’on n’attribue pas une langue à l’inspiration. On écrit comme vient l’inspiration. Mais, aussi, dès le départ d’un album, on se demande toujours la direction qu’on va lui attribuer. Et une fois qu’on sait où on va dans l’album en préparation, on peut se dire qu’on va chanter seulement en Ewodi, ou un album instrumental ou encore un album multilingue.
Dans mon prochain album, je vais chanter en Ewodi, en Gumba, en swahili et même en béninois. Je veux raconter une énorme histoire à travers cet album, rendre un bel hommage à toute l’Afrique, pour toutes ses cultures et pour les personnes qui se sont battues pour l’Afrique. Je vais chanter pour les Amazones, pour le peuple Dahomey. Et j’ai déjà trouvé quelqu’un qui va me traduire les chansons. L’album “Talenti” de 11 titres n’aura pas de collaboration. La date n’est pas encore arrêtée. Je suis auto-producteur de mes albums.
En seulement un album, Papy Anza a conquis les cœurs de nombreux camerounais, et même au-delà des frontières. Racontez nous vos premiers pas dans la musique…
Mon passé est celui d’un jeune étudiant qui a tout laissé pour faire de la musique. J’étais étudiant à l’université de Buea où j’ai obtenu une licence en Biochimie. J’ai dû abandonner l’école pour suivre ma passion, la musique. Mon père et moi avons eu beaucoup de problèmes lorsque j’ai décidé d’abandonner les études. Il ne concevait pas que son fils aîné laisse l’école pour suivre la musique, surtout qu’à l’époque, la musique était perçue comme le passe temps des personnes qui ont raté leur vie. Cela a été la guerre entre nous. Mais, avant sa mort, il a assisté à quelques-uns de mes spectacles, et il était très content. Mais, il ne m’a jamais dit qu’il s’est trompé. A travers ses gestes, et les actes qu’il posait désormais envers moi, je comprenais qu’il était fier de moi, et qu’il était beaucoup apaisé.
Et petit à petit, j’ai fait mon chemin et j’ai sorti en 2014 “Meesanedi” en 2014, un maxi single. Professionnellement, c’est à partir de cette année-là que je me suis considéré comme un musicien professionnel. Parce que j’avais déjà un support sur lequel on pouvait écouter ma musique. Et l’album est sorti en 2018. Celui en préparation sera mon deuxième album.
Vous êtes un jeune artiste et vous chantez dans un rythme qui n’est pas, de prime abord, celui des jeunes. Qu’est-ce qui a guidé ce choix musical ?
J’ai été fortement influencé par les musiques qu’écoutait mon papa dans mon enfance, dans ma jeunesse. Et de toutes ces musiques, de tous ces artistes, un m’a fortement marqué. Mes influences principales viennent du Cameroun. Je la tiens principalement d’Eboa Lotin. Mon père a tellement écouté ses chansons que je les connais toutes par cœur. J’ai gardé la majorité des cassettes de mon père, surtout celles d’Eboa Lotin.
Au-delà d’avoir une maman médecin, elle me disait « Tu aimes la musique. Si tu as envie de faire de la musique, dois-tu faire une musique passagère comme les autres ? Qu’est-ce que tu dois pouvoir raconter aux gens et qui restera pendant longtemps ? ». Ma mère me parlait, me conseillait, comme quelqu’un qui prédisait qu’elle allait partir tôt. Elle est partie alors que j’avais 17 ans. Et j’ai compris que je ne devais pas faire la musique comme tout le monde. J’avais tellement envie de ressembler à Eboa Lotin, par la profondeur de ses textes, par sa vélocité, et par sa forte personnalité. C’est la première personne à laquelle j’ai voulu ressembler musicalement.
Être influencé par Eboa lottin, qui n’est pas de votre génération ne veut-il pas dire que la musique actuelle n’est pas bonne? Quel est votre regard sur la musique camerounaise actuelle ?
C’est une question de filière. C’est juste que j’ai grandi dans un environnement où j’écoutais Eboa Lottin à longueur de journée, parfois. La génération d’aujourd’hui est libre de faire ce qu’elle veut. Je n’ai jamais été un adepte de la facilité. Beaucoup de personnes me disent souvent que ma voix irait beaucoup plus avec le zouk. Mais, je leur dis que ce n’est pas ma filière. Je ne me sens pas concerné par cela. Ce n’est pas mon fort. Je ne me vois pas en train de faire le style de Salatiel plus que Salatiel. Impossible. Ce n’est pas ma filière.
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La musique est aussi générationnelle. Les choses avancent, changent et sont différentes. Ce n’est pas pour dire que la musique d’aujourd’hui est moins bonne. Mais, je pense que les gens ne s’y mettent pas vraiment. Avant, il y avait des spectacles. Mais, aujourd’hui, il n’y en a presque pas. S’il y avait des festivals de musique, on saurait ce que vaut notre musique. Mais, je ne peux pas comparer la génération d’hier à celle d’aujourd’hui. Ce n’est pas la même chose. Chaque génération vit son époque, écrit l’histoire de son époque.
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